France 2 transforme les #OnVautMieuxQueCa en #JeSuisPasBidon

Le journal de 20 heures de France 2 a diffusé ce jeudi 3 mars un sujet sur la pétition « Loi travail : non merci », suggérant qu’il était possible de gonfler la mobilisation. La démarche n’a pas été du goût des milliers de twittos qui ont participé à la vague « On vaut mieux que ça »…

Tollé dans la twittosphère. Après le mouvement #OnVautMieuxQueCa, initié par un collectif de youtubeurs contre la loi Travail de Myriam El Khomri, voilà que les twittos se mettent à clamer « #JeSuisPasBidon ». Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire, d’un hashtag pour affirmer des compétences professionnelles face aux doutes émis par des employeurs. Non, il s’agit tout simplement de protester contre un sujet diffusé sur France 2, au 20 heures du jeudi 3 mars, se penchant sur les pétitions hébergées par le site change.org. Un sujet motivé par le quasi-million de signatures alors recueillies par celle créé par Caroline De Haas (« Loi travail : non, merci !« ), avec l’angle suivant : « Comment être sûr qu’il y a autant de signatures que de signataires ?« 

Après la diffusion, les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur Twitter, la chaîne publique est aussitôt accusée de « désinformation » ou « de semer le doute« . Certains s’en prennent même à David Pujadas himself, au cri de « #Pujadasdehors ». Via le hashtag #JeSuisPasBidon, tous s’émeuvent qu’on puisse remettre en cause l’authenticité de leur engagement.

Ils tentent de semer le doute : @France2tv #Pujadas #jesuispasbidon #loitravailnonmerci

— Claude Hubert (@CClaude_H) 4 mars 2016

honteux cette désinformation sur le sondage #loitravailnonmerci @davidpujadas #jesuispasbidon@France2_Infos @France2tv

— Isabelle (@ZabouF) 3 mars 2016

@France2tv Quand je paie ma redevance télé je suis bidon ou #jesuispasbidon ? #PujadasDehors

— Mallis (@mallis_fm) 4 mars 2016

L’UMP et le PS déjà piégés par des faux profils

Que disait ce reportage de « l’Oeil du 20 heures » ? Qu’il est possible de faire voter n’importe qui sur le site change.org. Pour le montrer, les journalistes de France 2 ont apposé les signatures de Jean Jaurès, Léon Blum ou encore Karl Marx sous la pétition contre la loi El Khomri. Et ce, bien sûr, avec de fausses adresses mails. Ils sont même allés plus loin en créant une fausse pétition appelée « Azerty » : là aussi, les signatures étaient fausses – une centaine – et là aussi, c’est passé. Enfin, pendant 24 heures, après quoi le sujet montre que le système de surveillance du site a fonctionné, et que ces manipulations sont supprimées. « Chaque signature qui est affichée sur le compteur est vérifiée et fiable« , assure donc le représentant français de change.org.

La méthode utilisée par les journalistes de la chaîne publique n’est pas nouvelle. En 2013 déjà, Metronews avait « fraudé à la primaire de l’UMP«  en inscrivant quatre faux électeurs au scrutin 100% en ligne. Bis repetita deux ans plus tard, lors du référendum du PS sur l’unité de la gauche aux régionales : cette fois-ci, ce sont « Paul Bismuth », « Gorge Profonde » et « Caton » qui prennent part au vote. A chaque fois, les journalistes démontrent la fiabilité relative des résultats des votes. Mais quand Metronews s’en est pris aux partis politiques, France 2 s’est attaqué à… un mouvement populaire. Et ça, ça passe moins bien.

De fait, si le reportage montre bien que, comme quasiment tous les votes sur Internet, l’outil change.org « n’est pas fiable à 100%« , le succès massif de la pétition El Khomri laisse peu de doutes quant au fait que si tricheries il y a eu, leur impact est sans doute marginal. Ce que le journaliste, à la fin de son sujet, rappelle d’ailleurs : « La mobilisation contre la loi El Khomri sur Internet est bien réelle« . Mais trop tard : le choix de cette pétition pour interroger la fiabilité de change.org ne passe pas. Reste que la question finale du sujet est légitime : « Combien ces centaines de milliers de signatures donneront de manifestants dans la rue ? ». D’où ce message d’une utilisatrice de Twitter : « Vous voulez prouver que #jesuispasbidon, une solution très simple : descendre ds la rue« . Encore faudra-t-il alors se déterminer entre les chiffres donnés par les syndicats et ceux de la police…

Vs voulez prouver que #jesuispasbidon, une solution très simple: descendre ds la rue. La pétition #loitravailnonmerci ne suffira pas !

— Harte Zeiten (@amelie_h2) 3 mars 2016

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