Djihad des adolescentes : "Il y en a qui veulent faire comme Rihanna, moi je veux faire comme Merah"

Jeunes adolescentes, elles parlent de faire le djihad, de tuer et se faire exploser avec une facilité déconcertante. Parmi elles, Léa, 17 ans, qui a fait parler d’elle cette semaine après avoir été une nouvelle fois arrêtée alors qu’elle présentait tous les signes d’une réinsertion réussie. « Le Monde » publie ce vendredi 4 mars plusieurs extraits de conversations échangées avec ses amies sur Facebook…

Elles parlent de se retrouver pour faire le djihad, autrement dit « tuer » des mécréants et si possible, des juifs, comme si elles projetaient de se retrouver au McDonald’s pour goûter le dernier burger à la mode. Elles ont 14, 17 ou 19 ans, sont issues de la classe moyenne et se sont « rencontrées » sur Facebook.

Dans l’anonymat de leurs chambres de jeunes filles, ces « mudjahida », ou « combattantes du Prophète », se sont créées un monde, où elles nourrissent discrètement leurs rêves morbides, voire leurs pulsions suicidaires. Un monde que révèlent des surveillances auxquelles a eu accès Le Monde, qui en publie des extraits ce vendredi 4 mars.

Sur ces cinq adolescentes surveillées par la police, deux réussiront à se rendre au « Cham », c’est-à-dire concrètement en Syrie. Les autres envisagent de commettre un attentat en France. Parmi elles, Léa (un nom d’emprunt), aujourd’hui âgée de 17 ans. Son histoire a fait les gros titres de l’actualité, au début de cette semaine, lorsqu’a fuité dans la presse la nouvelle de son arrestation. Suivie par le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI) de Dounia Bouzar, la jeune fille présentait en effet tous les signes d’une réinsertion réussie. En apparence, car en réalité elle était restée en contact avec un recruteur de Daech qui s’apprêtait, écrit le quotidien du soir, à « l’exfiltrer. »

« Bah je vais me faire sauter en kamikaze en France In Sha Allah si je peut pas partir »

Qu’avait donc la jeune fille dans la tête ? Les écoutes, instructives et sidérantes, remontent aux débuts de sa radicalisation, quand elle n’avait que 14 ans. Et révèlent la dangereuse naïveté de ces cinq âmes, « peu ou pas pratiquantes » et qui ne maîtrisent pas même, pour certaines, le vocabulaire et les préceptes qu’elles affirmeront vouloir servir, avec aplomb, lors de leurs auditions.

« Bah je vais me faire sauter en kamikaze en France In Sha Allah si je peut pas partir », explique ainsi benoîtement Léa à l’une de ses cinq amies, Fatima, qui lui répond : « Ces quoi kamikaze  ? » (sic). Réponse de l’intéressée : « Tu te fais sauter avec une bombe ». « Vous aller faire sa où  ? », demande encore Fatima. « Si j’ai pas le temps de partir je le fait avec vous. »

Aucune ne passera à l’acte. L’ont-elles seulement vraiment projeté ? Certains détails, futiles, semblent en tous cas soudainement les ramener à une réalité plus en phase avec leur âge, comme le raconte Léa à Fatima d’après une autre écoute :

Léa  : C’était sur Facebook, et là je vois quoi, je vois la photo d’un frère, tu vois, c’était Abou euh… machin Guitone, tu connais  ?
Fatima  : Abou quoi ? (…)
Léa : Et puis, oh putain, j’ai vu, il est tombé en martyr, ouech ! J’étais trop quécho je te jure, ce frère il était trop machallah [« comme Allah le veut », ndlr], je te jure. Tu l’aurais vu, il était trop beau.
Fatima  : Ah ouais  ?
Léa  : Ouais, genre, tu vois, sur une de ses photos, tu vois, il avait un qamis tu vois, camouflage, tu vois, militaire, avec des Air Max ; le frère, il est au Cham et il se trimbale avec des Air Max (…) c’est des Air Max, tennis, tu vois ce que je veux dire ?  »

« Un jour vous recevrer un coup de telephone en vous disant que je suis morte au combat et voila c simple »

Léa est donc « trop choquée » par la mort de ce « frère ». Mais elle n’hésite pas à envisager, dans le même temps, sa propre mort, idée qui semble la séduire du haut de sa jeunesse. En témoigne ce SMS envoyée à une amie : « Je suis marier maintenant bientôt en Turquie avec mon mari et bientôt maman, Inshallah, puis on va élever notre enfant qui sera née au Sham, rien de plus beau, et sa sera un enfant pieu, et puis un jour vous recevrer un coup de telephone en vous disant que je suis morte au combat et voila c simple » (sic).

Simple, comme l’explication que donnera Léa aux enquêteurs : « Il y en a qui veulent faire tout comme la chanteuse Rihanna, eh bien moi, je veux tout faire comme Merah« . Ce dernier exerce en effet sur le groupe une puissante fascination, en raison notamment de cette phrase que le tueur de Toulouse aurait prononcée avant de mourir : « J’aime la mort comme vous aimez la vie… » 

Selon les derniers chiffres du ministère de l’intérieur, indique Le Monde, « quelque 867 adolescentes ont été signalées en France pour radicalisation. Entre octobre 2013 et octobre 2015, la proportion de femmes parmi les Français ayant rejoint la Syrie est passée de 12% à 35% ». Soit 218 sur 593…

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