Cazeneuve à Macron : arrête de dire n'importe quoi sur le Brexit et les migrants !

Emmanuel Macron s’insère dans le débat sur la « jungle » de Calais entre la France et le Royaume-Uni ? Bernard Cazeneuve, en charge du dossier des migrants, le renvoie à ses affaires…

La parole contre les actes. Bernard Cazeneuve n’a visiblement pas apprécié qu’Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, piétine ses plates-bandes en expliquant outre-Manche qu’en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la France ne contrôlerait plus ses frontières et laisserait passer les migrants. Ce dossier, c’est son dossier ! Et envoyer valser un travail de plusieurs mois avec les Britanniques à coup de phrases faisant « le buzz », ça ne lui plait pas du tout. Il l’a donc expliqué sur BFMTV et RMC ce vendredi 4 mars au matin, avec ce subtil mélange de politesse et de froideur qu’on lui connaît.

Bernard Cazeneuve commence par faire l’éloge de son camarade du gouvernement – ce qui est toujours extrêmement mauvais signe – avant de le dézinguer en règle :
 
« Le ministre de l’Economie, qui fait un travail remarquable dans son domaine de compétence, dont le travail est relever le pays, qui est une tâche considérable qu’il fait avec brio (…), se consacre à sa tâche comme je me consacre à la mienne. Sur ce sujet-là, ce ne sont pas de déclarations qui font le buzz dont on a besoin mais d’une action persévérante. (…) On ne va pas en changer tous les jours ! Nous avons besoin d’actions qui donnent des résultats plutôt que de phrases qui font le buzz. »​
 
Et lorsqu’on lui demande si les vannes seront ouvertes à la frontière française en cas de Brexit, Bernard Cazeneuve répond clairement : « Cette question ne se pose pas. » Cette action serait même totalement contre-productive, explique-t-il : 
 
« Il faut éviter d’encourager le travail des passeurs. Il faut faire en sorte qu’un signal fort soit envoyé. Si nous ouvrons demain la frontière, que se passe-t-il ? Les Anglais, qui sont maîtres de leur propre frontière, peuvent la bloquer au moment de l’arrivée des migrants, ils seront reconduits en France. Alors, j’aurais alimenté un flux et créé un stock, et aggravé un problème humanitaire ! Je n’ai qu’un objectif : l’efficacité. »
 
Sa conclusion sera tout aussi limpide : « C’est un sujet extrêmement compliqué et sur les sujets compliqués, il faut agir beaucoup et parler peu. »

Jeudi, à l’occasion d’une interview au Financial Times en marge d’une visite au Royaume-Uni, Emmanuel Macron avait expliqué au contraire : « Le jour où la relation (franco-britannique) sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais », faisant comprendre que si les Britanniques choisissent de sortir du Royaume-Uni à l’occasion du référendum du 23 juin, plus aucun contrôle ne serait exercé à la frontière calaisienne qui retient pour l’heure les migrants désireux de traverser la Manche.

Une menace grossière, calquée sur celle déjà agitée par David Cameron quelques semaines plus tôt, puisque les accords qui lient la France au Royaume-Uni concernant les migrants – les accords du Touquet – n’ont pas été signés dans un cadre européen. Le Brexit n’entraînerait donc pas d’ouverture automatique des frontières. La France peut éventuellement décider de « punir » le Royaume-Uni pour ce départ et lancer des représailles en brisant le traité, mais ce n’est visiblement pas du tout l’intention de Bernard Cazeneuve…

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