Avec la mobilisation contre la loi El Khomri, la gauche anti-Hollande reprend espoir

Alors que la révolte gronde et s’organise contre le projet de réforme du droit du travail, la gauche anti-Hollande reprend espoir. La manifestation prévue pour le 9 mars prochain contre la loi El Khomri, en cas de rassemblement d’ampleur, pourrait bien être l’élément déclencheur qu’elle attendait tant pour accélérer le tempo en vue de 2017.

La gauche anti-Hollande est-elle en train de connaître un alignement des astres qui lui soit enfin favorable ? Après le retour par la grande porte de l’idée d’une primaire à gauche, après l’embourbement du débat sur la déchéance de nationalité qui pourrait sonner le glas de la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande, voilà que la pétition lancée par la militante féministe Caroline de Haas contre la loi Travail de Myriam El Khomri, qui dépasse les 900 000 signatures, pourrait bien déboucher sur un mouvement social d’ampleur.

Le syndicat étudiant Unef, surfant sur la viralité de la pétition, lui a emboîté le pas et a appelé à manifester le 9 mars prochain pour le retrait du texte de la ministre. Pis, après un temps d’hésitation, la CGT a finalement décidé de se rallier à la manifestation étudiante. Les autres syndicats de salariés pourraient bien suivre son exemple. Et pour compléter le tableau, le jour de la manifestation, les cheminots de la SNCF seront en grève. Jeunes, salariés et cheminots qui se mobilisent, un scénario catastrophe pour tout gouvernement, d’autant plus grave lorsqu’il se revendique de gauche.

« C’est la première fois depuis 2012 que j’ai l’impression que le gouvernement peut être battu », se réjouit auprès de Marianne Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de gauche. La manifestation du 9 mars est « une bonne nouvelle » pour lui et pourrait bien être le départ « du point de rupture du quinquennat d’Hollande en devenant un mouvement multipériphérique« . Un enthousiasme partagé par Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, pour qui cette journée peut coïncider enfin avec « la dénonciation de ce compromis historique que François Hollande a voulu construire avec le Medef ».

« Le gouvernement veut légaliser le salarié Kleenex »

Pour le responsable communiste, nous sommes bien dans le temps du retour d’un espoir à gauche : « jusqu’à présent, les Français étaient dans une forme de résignation. Ils subissaient ce quinquennat, cette sidérante chronique de la trahison et du renoncement du premier jour avec le refus de Hollande de renégocier le traité budgétaire, le tout jusqu’au texte du projet de la loi El Khomri », constate-t-il. Mais cette fois-ci, le gouvernement aurait voulu aller trop loin. « Il est frappant de voir qu’énormément de réactions que l’on peut lire sur Twitter touchent à la question de la dignité humaine », remarque-t-il. Pouria Amirshahi, député PS et animateur du Mouvement commun en fait la même analyse : « Si cette pétition a si bien marché, au delà de la pédagogie de la pétition, c’est qu’avec ce texte, le gouvernement s’attaque à la dignité des personnes. Ils veulent légaliser le salarié Kleenex dans un pays où chacun a déjà peur de se faire dégager du jour au lendemain de son travail ».

Une aubaine pour la gauche anti-Hollande ? « Un réveil salutaire pour tout le monde », corrige Eric Coquerel qui préfère rester prudent sur les débouchés politiques de cette mobilisation. « L’objectif principal est que la mobilisation soit la plus forte possible. Pour la traduction politique, on verra plus tard, ce n’est pas le moment ». En vieux routier de la politique, il ne sait que trop bien la méfiance des acteurs des mouvements sociaux à l’égard des tentatives de récupération des partis politiques. Même constat pour Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de l’Essonne et animatrice du mouvement des frondeurs qui préfère, elle aussi, jouer la prudence, anecdote à l’appui :« En mai 68, face à la vacance du pouvoir de De Gaulle, Mitterrand avait voulu profiter de la situation pour se présenter en recours du mouvement. Ce qui avait totalement raté. Il ne faut pas aller trop vite. Il faut déjà que la mobilisation ait lieu ainsi que le temps de l’expression du ras-le-bol. »

« Il faut laisser le temps de l’expression du ras-le-bol »

Côté communiste, la perception est légèrement différente. Ce moment qu’Olivier Dartigolles analyse comme le « passage de la sidération à l’envie d’en découdre », doit-être au contraire aidé par les partis politiques. Et au PCF, on a bien l’intention de prendre les devants. « Ce samedi, lors de notre Conseil national, nous allons l’entamer par une résolution politique sur la manifestation », confie-t-il. Et n’hésite pas à se projeter plus loin : « Ce que font actuellement Hollande et Valls est irrévocable. Et il y a dans la société française des millions de gens qui ne veulent pas de ça. Est-ce que ce mouvement social va se traduire par une offre politique pour éviter que des millions d’orphelins politiques ne se retrouvent à la présidentielle ? », s’interroge-t-il. Avec, entre les lignes, l’espoir d’un scénario à la Podemos espagnol pour contrecarrer le tripartisme imposé dès le premier tour par le match Hollande / Sarkozy / Le Pen.

Début de réponse le 9 mars…

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