Questions à la gauche identitaire: votre problème, c'est le peuple !

Me tournant vers cette gauche que j’appelle identitaire, je veux lui poser cette question : pourquoi dans la France de 2016, l’hégémonie intellectuelle appartient-elle désormais à la droite ?

Pourquoi en France l’hégémonie intellectuelle est-elle passée en quelques années de la gauche à la droite ? Voilà la question que je me posais l’autre jeudi en arrivant à l’Académie française pour entendre Alain Finkielkraut faire, selon la coutume, l’éloge de son prédécesseur, Félicien Marceau. Rude coutume en vérité. L’Académie française est à la droite ce que le Panthéon est à la gauche. Avec toutefois deux différences. On n’entre au Panthéon qu’après sa mort, alors que l’on siège à l’Académie de son vivant. Et, surtout, au Panthéon, on fait l’éloge de Jean Moulin et de Pierre Brossolette, deux héros de la Résistance ; et à l’Académie, celui de Félicien Marceau, un rescapé de la collaboration. L’essentiel, pourtant, était ailleurs, il était dans la symbolique de la cérémonie. Pénétrant sous la coupole, et embrassant du regard cette assemblée choisie, j’ai eu tout à coup le sentiment physique que la représentation de la France qui s’y faisait voir n’était manifestement pas la mienne. En dehors d’une dizaine de personnes, le gros de cette assemblée était composé de cette droite intellectuelle venue reconnaître et saluer en Alain Finkielkraut son héraut le plus inspiré du moment. Il lui importait peu au fond que celui-ci ne vînt pas de ses rangs. Bien au contraire. La droite a toujours fait fête aux transfuges de la gauche, comme si, en matière intellectuelle, elle continuait de nourrir à son égard un sentiment d’infériorité. Or quiconque lit sans préjugé l’ensemble de l’œuvre de Finkielkraut y trouvera, plutôt qu’une pensée de droite, la véhémence et la fureur d’un homme de gauche exaspéré par les dérives de son propre camp.

C’est pourquoi, me tournant vers cette gauche que j’appelle identitaire, je veux lui poser la question préalable, avant qu’elle ne se lance avec délices dans son exercice favori, la constitution de listes d’aptitudes à la fonction présidentielle et l’élaboration de programmes qui ne seront jamais appliqués, parce qu’ils n’auront pas été écrits pour cela. Oui, pourquoi dans la France de 2016 l’hégémonie intellectuelle appartient-elle désormais à la droite ?

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