Branle-bas de combat ! Les Français se révoltent contre la réforme de l’orthographe qui va faire son entrée prochaine dans les manuels scolaires. Mais ce lifting suggéré il y a vingt-six ans par un certain Conseil supérieur de la langue française n’est pas totalement dénué de bon sens…
>> Ceci est un extrait de l’article paru dans « Marianne » le 12 février
(…) Parlons de la réforme en elle-même. Parlons surtout de l’accent circonflexe, que le grammairien Ferdinand Brunot appelait magnifiquement «accent du souvenir», ou «couronne mortuaire», puisqu’il remplace le plus souvent une lettre étymologique disparue, comme le s dans forêt ou hôpital. Tout le problème est là : cet «accent du souvenir» implique-t-il un devoir de mémoire ?
Devons-nous le conserver pour nous souvenir des différentes strates de notre langue ? Ou accepterons-nous de faire notre deuil linguistique, et de tout simplifier ? Si l’on pose ainsi la question, beaucoup de gens répondront qu’il faut conserver cet accent. (Et moi le premier.) Mais les choses ne sont pas si simples.
Supprimer l’accent circonflexe dans des mots qu’il parasite
En effet, cette réforme propose surtout de supprimer l’accent circonflexe dans des mots qu’il parasite. C’est la vérité : cet accent dont nous sommes visiblement si fiers n’a aucun rôle dans trop de mots. (En vrac, mais tout de même dans l’ordre alphabétique : âme, arôme, câble, chaîne, diplôme, disgrâce, dôme, empêcher, extrême, fêler, flâner, grâce, infâme, pâle, piqûre, poêle, pôle, prêche, symptôme, trône.) La liste est encore longue. Certains veulent des batons de maréchal ; d’autres réclament les palmes académiques. Ce serait trop long à expliquer, mais disons qu’au fil des siècles certains mots français ont réclamé d’aussi vaines décorations, et qu’on leur a accordé un petit ennoblissement graphique…
Voilà comment il faudrait donc reformuler le problème : veut-on demeurer dans la vanité de ces ajouts intempestifs, parce qu’ils sont nôtres et que nous nous y sommes habitués ? Ou sommes-nous prêts à supprimer ces étranges privilèges, à rire des hochets dont certains ont affublé des termes qu’ils voulaient nobles – âme ! grâce ! trône ! Et dire que certains pensaient qu’on ne parlait que d’orthographe !
>>> Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro de Marianne en kiosques.
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