12 milliards d’euros ont été « cachés » au fisc français par la banque suisse UBS en 2008. C’est ce que révèle un nouveau fichier informatique transmis à Bercy cet été par les autorités allemandes et dont « Le Point » a eu connaissance. C’est à peu près la somme évaluée par les juges du Pôle financier qui enquêtent sur l’affaire depuis 2012.
La banque suisse UBS a-t-elle aidé les fortunes françaises à échapper au fisc ? Les juges qui enquêtent depuis 2012 sur l’affaire ont toutes les raisons de le penser. Outre les témoignages d’anciens salariés et les éléments dont dispose déjà la justice, un nouveau listing transmis cet été à Bercy par les autorités allemandes permet désormais de mesurer l’ampleur du dispositif mis en place par l’établissement dès le début des années 2000.
La série de chiffres, contenu dans le fichier informatique envoyé, montre en effet que près de 12 milliards d’euros ont été dissimulés par UBS au fisc français en 2008.
Si les enquêteurs n’ont pas encore découvert l’identité des riches clients hexagonaux démarchés, ils savent déjà, révèle le Point cette semaine, que leurs avoirs étaient répartis sur plusieurs milliers de comptes bancaires ; 38.000 au total, qui oscillent entre un solde inférieur à 1000 euros et des montants pouvant atteindre les 60 millions. La somme, 12 milliards, correspond d’ailleurs à leurs propres estimations.
Mis en examen pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, UBS a pourtant refusé de plaider coupable, préférant s’acquitter en 2014 d’une caution réévaluée à 1,1 milliard d’euros. « Depuis 2014, il n’y a plus de comptes irréguliers chez UBS Suisse. Tous les noms sont donc théoriquement connus du fisc », se défend quant à lui le président d’UBS France, Jean-Frédéric de Leusse.
Au-delà de la lenteur des procédures judiciaires, à l’issue incertaine, la banque helvète a en réalité dès à présent trouvé le moyen d’éponger d’éventuelles pertes. Comme l’expliquait Xavier Harel, auteur de La grande évasion, le vrai scandale des paradis fiscaux, contacté à l’époque par Marianne, les dirigeants d’UBS n’ont pas attendu de recevoir leur amende, comme celle payée aux Etats-Unis en 2009 – 800 millions de dollars – pour se « redéployer sur les pays émergents », dont le Maroc et « délaisser petit à petit la clientèle des pays développés » considérée comme « un nid à problèmes ».
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