Plus d’un an après l’affaire révélée par « Marianne » des violences et menaces proférées à l’encontre de Sabrina Saïdi, une ancienne élue de Bobigny, la sanction est tombée ce jeudi : le 1er adjoint au maire UDI, Christian Bartholmé et Kianoush Moghadam, son bras droit, ont été condamnés à effectuer un « stage de citoyenneté » et à verser 10 000 euros de dommages et intérêts à la plaignante.
Christian Bartholmé et Kianoush Moghadam n’ont pas daigné se présenter au tribunal correctionnel de Bobigny, ce jeudi 21 janvier. La date a pourtant son importance, puisqu’elle doit sceller l’affaire qui agite la ville de Seine-Saint-Denis depuis le 8 juillet 2014. Ce jour-là, Christian Bartholmé, premier adjoint au maire UDI de Bobigny et Kianoush Moghadam, à la tête de la direction du développement territorial avaient retenu pendant près de deux heures l’adjointe à l’époque chargée de la petite enfance, Sabrina Saïdi. Un entretien long, au ton menaçant, qui s’est déroulé dans le bureau du premier adjoint, à l’Hôtel de ville, et que l’élue a pris soin d’enregistrer, comme Marianne l’a révélé en diffusant des extraits de l’échange.
A l’origine de ce rendez-vous en forme de guet-apens, la diffusion quelques semaines plus tôt d’un tract visant Lynda Benakouche, fraîchement embauchée comme chargée de mission des politiques sociales urbaines de Bobigny. A l’époque, le document circule et sème le boxon en ville. Il affirme que Benakouche, par ailleurs présidente d’une association de la ville et proche de Moghadam, « a été condamnée, dans le passé, pour avoir séquestré et violenté en réunion une jeune femme enceinte de six mois, en lui enfonçant un objet dans l’utérus, ce qui a causé la mort de son enfant ». Plus loin, il est fait mention du CV de son compagnon, Jean-Christophe Soumbou, dit « Crapaud » : « Incarcéré pour séquestration, acte de barbarie, meurtre sur le jeune Ilan Halimi. » Les deux hommes soupçonnent Sabrina Saïdi d’être à l’origine du tract. Ils veulent qu’elle avoue : « Tu es rentrée sur un terrain qui est dangereux pour toi… », lance Moghadam à la jeune femme. Avant de perdre patience et d’exploser : « Ferme ta gueule, ferme-la, ta gueule, tu crois que tu parles à qui ? Tu crois que tu parles à qui, ici ? Tu parles à Kianoush, là ! Réveille-toi, y a personne qui me parle comme ça dans cette ville ! » La jeune femme de 33 ans sort de la confrontation choquée et décidée à porter plainte pour « séquestration » et « menace de mort » contre le premier adjoint et son collaborateur. Lynda Benakouche porte également plainte, mais contre Sabrina Saïdi pour diffamation.
Plus d’un an après le dépôt de plainte, la décision est donc tombée : Benakouche est déboutée de ses poursuites. Christian Bartholmé – qui est toujours premier adjoint au maire chargé des finances, de l’économie et de la communication – et Kianoush Moghadam sont quant à deux condamnés pour « violences en réunion ». Condamnation qui figurera dans leur casier judiciaire. Ils devront également verser 10 000 euros à Sabrina Saidi au titre du préjudice moral subi et 3 000 euros pour les frais de dossier. Enfin, et c’est la cerise sur le gâteau, le tribunal les condamne à effectuer « un stage de citoyenneté » d’une semaine et à leur frais. L’article 131-5-1 du Code pénal précise l’objet de cette singulière sanction: « Lorsqu’un délit est puni d’une peine d’emprisonnement, la juridiction peut, à la place de l’emprisonnement, prescrire que le condamné devra accomplir un stage de citoyenneté, dont les modalités, la durée et le contenu sont fixés par décret en Conseil d’État, et qui a pour objet de lui rappeler les valeurs républicaines de tolérance et de respect de la dignité humaine sur lesquelles est fondée la société« . Cocasse, quand on sait que Christian Bartholmé grenouille dans le marigot centriste depuis plus de vingt ans; qu’en plus de ses fonctions à Bobigny, il a été directeur adjoint du cabinet du député-maire UDI de Drancy, Jean-Christophe Lagarde; et que beaucoup dans les services de la mairie de Bobigny le surnomme « le maire Bis », tant il joue un rôle de chef d’orchestre pour l’équipe du maire, Stéphane de Paoli.
« C’était important pour moi que la justice reconnaisse mon statut de victime dans cette affaire qui dure depuis trop longtemps« , nous a confié Sabrina Saïdi à la sortie du tribunal. Christian Bartholmé et Kianoush Moghadam ont dix jours pour faire appel de la décision. Joint par Marianne, le premier adjoint au maire n’a pas souhaité faire de commentaire, précisant juste : « Nos avocats publieront un communiqué« .
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