IVG : le vieux démon réveillé de la culpabilisation des femmes

La discussion de la proposition de loi visant à élargir à Internet le délit d’entrave au libre exercice de l’IVG a réveillé ce vieux démon que l’on espérait enfoui, celui qui, au fond, essaye encore et toujours de culpabiliser la femme qui recourt à l’avortement…

L’état de santé d’une démocratie s’évalue à la place et aux droits qu’elle accorde aux femmes. Cette règle ne souffre pas d’exception. Depuis deux millénaires, et même plus que cela, le pouvoir est une affaire d’hommes. Aussi, plus une société s’avance sur le chemin de la liberté, de la tolérance et du respect, bref, sur la voie du progrès, plus elle octroie aux femmes un statut qui tend à être l’égal de celui des hommes.

A l’inverse, toutes les tentatives de régression commencent par les viser. Elles sont les premières cibles de tous les obscurantismes spirituels, religieux ou culturels. De niqab en burkini, la femme est la victime toute désignée du fondamentalisme islamiste, comme elle l’est des autres monothéismes lorsque ceux-ci cèdent à leurs penchants réactionnaires. Avec l’accès au monde du travail, Simone de Beauvoir a fait du contrôle des naissances l’autre condition indépassable de l’émancipation du «deuxième sexe». La publication de cet ouvrage fondateur remonte à 1949, au sortir de la guerre, alors que la France se convertissait à l’optimisme des Trente Glorieuses qui commençaient à peine.

Plus près de nous, en décembre 1974, Simone Veil montait à la tribune de l’Assemblée nationale pour défendre la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sous les quolibets et les injures d’une bonne partie de l’Hémicycle. La ministre de la Santé commença son intervention par ces mots : «Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme, et je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes…»

Le Parlement vient hélas de replonger quelques décennies en arrière. La discussion de la proposition de loi visant à élargir à Internet le délit d’entrave au libre exercice de l’IVG a réveillé ce vieux démon que l’on espérait enfoui, celui qui, au fond, essaye encore et toujours de culpabiliser la femme qui recourt à l’avortement.

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