Nouvelle vidéo inquiétante de John Cantlie, porte-parole de Daech malgré lui

Dans une nouvelle vidéo publiée ce mercredi, John Cantlie, otage Britannique aux mains de Daech depuis 2012, apparaît plus affaibli que jamais. Devenu le porte-parole malgré lui des intérêts de l’Etat islamique, au travers de faux reportages publiés par l’agence de presse du groupe terroriste, cette nouvelle vidéo interroge sur ses chances de survie.

Ses traits sont tirés. Sa silhouette famélique cachée sous un grand manteau noir – bien trop large pour lui – laisse entrevoir les marques de la malnutrition ou de la maladie. Son état physique est inquiétant. John Cantlie, journaliste britannique indépendant, otage de Daech depuis 2012, semble avoir 10 ans de plus que son âge dans la nouvelle vidéo publiée ce mercredi 7 décembre par Amaq News, l’agence de presse du groupe Etat islamique. 

John Cantlie doesn’t look that good in A’māq’s new video release. He obviously lost weight and looks like he aged ten years in a few months pic.twitter.com/09bhAWFsG9

— Pieter Van Ostaeyen (@p_vanostaeyen) 7 décembre 2016

Dans une mise en scène reprenant les codes de reportages de la BBC, durant 9 minutes, le journaliste affirme que les bombes de la coalition internationale lâchées sur Mossoul ne frapperaient que les civils ou des ponts et des canalisations d’eau. « Il faut que vous vous demandiez : si c’est une guerre de la coalition contre les moudjahidins, pourquoi frappent-ils les musulmans de Mossoul ? », interroge-t-il. Dans les rues de la ville, encerclée par l’armée irakienne à l’est et au sud et par les forces kurdes au nord, John Cantlie tend son micro à des habitants qui reprennent en cœur la propagande de Daech. « Ce n’est pas une guerre contre l’Etat islamique. Ça ne concerne pas que des cas individuels. Ça concerne tous les musulmans. Ils veulent frapper les ponts, détruire les infrastructures du peuple sunnite », dénonce l’un d’entre eux. Les « croisés » de la coalition contre les musulmans sunnites, un thème récurrent dans la doxa de Daech pour se donner le rôle de dernier rempart.

Enlevé deux fois par Daech en 2012

Autre récurrence, l’utilisation de l’otage britannique pour défendre les intérêts de l’EI. Enlevé une première fois en juillet 2012, en Syrie – il tentera une évasion avec un compagnon d’infortune qui se soldera par une blessure par balle au bras -, il est finalement libéré. Tête brûlée, après quelques mois de convalescence, il décide de retourner sur le terrain. Au côté du journaliste américain James Foley cette fois, il est de nouveau capturé en Syrie, à quelques kilomètres de la frontière turque. James Foley est décapité par le bourreau « jihadi John ». Cantlie, lui, reste introuvable. Mais fin 2014, il refait surface dans une série de vidéos publiées par l’EI et intitulées « Lend me your ears » (prêtez-moi vos oreilles). Habillé d’une tunique orange qui rappelle celle des détenus de la prison de Guantanamo, assis derrière un bureau, il ressasse la propagande du groupe terroriste.

Par la suite, les propagandistes de l’EI décident de l’utiliser autrement. Début 2015, on le retrouve cette fois rasé de près, habillé d’un blouson et d’un jean, dans un faux reportage réutilisant les codes et la mise en scène journalistique, en immersion dans la ville de Mossoul. Tout sourire, il explique ainsi que « les médias se plaisent à expliquer que la vie sous l’Etat islamique est dure, que les gens y sont enchaînés comme des sujets, sous le joug d’une loi impitoyable et totalitaire. Mais franchement, à part un mois de décembre frisquet et ensoleillé, la vie à Mossoul suit son cours. » On le voit aussi au volant d’une voiture ou au guidon d’une moto de police, jouant de la sirène pour se frayer un chemin dans les rues encombrées de la ville tenue par l’EI.

L’état de Cantlie se dégrade au fil des vidéos

« Ils veulent faire croire que ce n’est plus un prisonnier, mais un journaliste invité. C’est là qu’est le piège », expliquait Nicolas Hénin, compagnon de geôle du Britannique pendant six mois, au micro de France Info. Toujours selon Hénin, « le seul espoir qu’il a de sortir un jour de cette captivité terriblement éprouvante, c’est de gagner la grâce de ses ravisseurs et c’est peut-être ce qu’il est en train de faire « . D’autant que le Royaume-Uni se refuse à négocier avec les preneurs d’otages. 

First picture last Isis video of hostage John Cantlie, second one released yesterday. They’re killing him slowly. pic.twitter.com/h7LVzWhX8U

— Angela Korras (@AngelaKorras) 8 décembre 2016

Mais si début 2015, ces vidéos étaient comme une promesse de survie pour Cantlie, depuis lors, à chaque nouvelle publication le journaliste a paru de plus en plus mal en point. Le 19 mars 2016, on le retrouve ainsi affublé de cette même veste noire, déjà amaigri mais encore capable de sourire un peu. Quelques mois plus tard, le 12 juillet, une nouvelle vidéo le montre nettement plus maigre. Affaibli, le regard sombre. Le journaliste débite son texte mécaniquement, comme vidé de toute étincelle de vie. Un otage peu à peu devenu automate. Pour combien de temps encore ?

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