Laurent Joffrin a signé la semaine passée une analyse très juste des erreurs de François Hollande durant son mandat. Excellente… si elle n’était pas si tardive.
Les fautes ou les erreurs de François Hollande qui l’ont contraint de s’auto-dissoudre ? Un expert nous les précise avec lucidité : il s’est rallié à « la tactique cynique de triangulation qui consiste à élargir sa base en reprenant à son compte certaines propositions de ses adversaires ». D’où, précise ce brillant spécialiste, « cette loi El Khomri dont la première mouture heurtait de front l’inquiétude des salariés pour leurs acquis et leurs protections ». Bref, le président s’est converti « au blairisme qui s’est perdu en s’accommodant très bien des tares d’un système dépassé et dur aux faibles ».
« On attendait bien plus, ajoute l’analyste clairvoyant, d’une gauche réaliste dont le premier devoir est de percevoir la détresse qui frappe les classes populaires » et qui n’a pas été capable de proposer « un projet de société clairement distinct de la régression conservatrice, des réformes qui ne soient pas des sacrifices, autre chose que l’alignement sur l’orthodoxie agressive qui sert de bréviaire aux classes dirigeantes ». Implacable.
Donc « on aurait besoin – je cite toujours – d’un programme qui rende à la gauche démocratique son identité (que le président lui aurait donc fait perdre), d’un sursaut qui procure un début d’espoir ». Un début… donc il n’y avait même pas de début d’espérance ?
Verdict accablant. Qui en est l’auteur ? L’excellent Laurent Joffrin pour Libération.
D’où ma question : pourquoi ne pas l’avoir écrit plus tôt ? Pourquoi, jusqu’au bout, mon ami Joffrin a-t-il plaidé en faveur d’une re-candidature Hollande ? Pourquoi, lorsque dans un ouvrage j’évoquais les retombées prévisibles d’une « ineffaçable trahison », m’a-t-il accusé d’excès polémique en affirmant que, pour l’essentiel, Hollande avait tenu ses promesses… ? Alors que ce qu’il pointe aujourd’hui, lucidement, est pire que ce que j’avais écris à l’époque…
Au risque de pousser le bouchon trop loin dans l’autre sens : ce n’est pas « d’avoir promu sans relâche une politique économique favorable à l’entreprise » qui est critiquable, c’est de ne pas l’avoir équilibrée par une politique en faveur des salariés.
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