Le roi Fidel est mort à Cuba, mais l’héritage castriste tue encore dans un Venezuela en plein naufrage. Les nostalgiques du dictateur refusent toujours la réalité. Un aveuglement démontré ce 4 décembre par Ségolène Royal lors de sa visite à Cuba pour les funérailles du Lider Maximo…
Qu’il est dur de penser sans idoles ! Le 26 novembre au soir, dans le crépuscule parisien frisquet, Jean-Luc Mélenchon psalmodie devant la statue de Simon Bolivar, libérateur de l’Amérique du Sud au XIXe siècle : «Fidel, Fidel ! Demain était une promesse ! Fidel marche au ciel et voici l’épée de Simon Bolivar qui marche devant lui, devant nous !» On se pince. Le fondateur du Parti de gauche et de La France insoumise a-t-il «fumé la moquette», comme se gaussera le lendemain le philosophe Michel Onfray, sidéré de voir Mélenchon en pâmoison ? En tout cas, l’homme veut continuer à rêver même sur un cauchemar. Même si l’on sait depuis très longtemps, avec les opposants embastillés, que «Dieu n’habite pas La Havane», comme résume si bien le titre du dernier roman de Yasmina Khadra (éditions Julliard).
Le grand écrivain algérien francophone aima Castro très fort : c’était lors de la visite du Lider Maximo, à Alger, en 1972. Dix ans plus tôt, Ben Bella scandait : «Castro est mon frère, Nasser est mon maître, Tito, mon exemple !» Mais, très vite, Khadra le détesta pour avoir «muselé et réprimé un peuple magnifique». A son Algérie non plus, le ferment castriste n’a pas fait de bien. Quand il décrit les affres d’un roi de la rumba traqué par la police politique et humilié par les réseaux du «Comandante», on revisite avec lui toute l’imposture des fausses révolutions populaires.
Pourtant, depuis la mort de Castro, la grand-messe lacrymale ne tarit pas. Ségolène Royal vient d’en donner ce dimanche 4 décembre un exemple confondant en refusant de reconnaître la moindre violation des droits de l’Homme à Cuba et en mettant en garde contre la « désinformation » à ce sujet.
Cette «version tropicale du soviétisme», selon l’expression de la politologue Renée Fregosi, aimante encore les âmes errantes des gauches perdantes. Plus sobre que Mélenchon, Bernard Kouchner, passé par Cuba dans sa jeunesse avec les étudiants communistes, évoque, dans les colonnes du Journal du dimanche, la fascination romantique. 1964 : c’est l’époque où l’on plonge avec délices dans les eaux chaudes de l’idéal. Qu’en reste-t-il plus d’un demi-siècle après ? «Rien ne console d’avoir perdu ce qui nous a paru être l’infini !» gémissait, chez Balzac, l’héroïne de la Fille aux yeux d’or. La plainte vaut pour les vieux amants de la révolution : même si elle a tué – des centaines d’exécutions sommaires au soleil -, on ne se défait pas d’un pareil collage. Tout est perdu fors Fidel !
Comme si l’échec du castrisme ne s’étalait pas à ciel ouvert, dans son île d’abord, en Amérique latine ensuite. Quand François Hollande rend visite à Castro, en mai 2015, les comités de défense de la révolution sont toujours en place. Sous son demi-frère, Raul, qui gouverne depuis 2006, il n’y a pas d’élections libres, les manifestations sont interdites et les libertés fondamentales bafouées.
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