Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi vit ce dimanche 4 décembre l’un des moments les plus importants de sa fulgurante carrière politique. Le référendum constitutionnel qu’il a proposé, et dont l’issue est incertaine, décidera en partie son avenir.
Pour avoir lié son avenir politique au résultat du référendum sur la Constitution qui a lieu ce dimanche 4 décembre, Matteo Renzi pourrait se retrouver rapidement au chômage. Le rejet éventuel de ce référendum constituant un désaveu de ses mesures, le président du Conseil italien a affirmé depuis le début de la campagne référendaire qu’il démissionnerait en cas de victoire du non.
Cette consultation prévoit la fin du bicaméralisme paritaire avec la transformation du Sénat en chambre des Régions et la réduction des deux tiers du nombre de ses représentants. Elle propose aussi l’abolition des Régions pour réduire les coûts administratifs et veut redonner à l’Etat le contrôle sur l’immigration, la culture et la santé, des compétences attribuées aux régions en 2001 à l’occasion d’un autre référendum. « Avec cette opération, le principe de la stabilité politique sera finalement instauré dans un pays qui a eu 63 gouvernements depuis la proclamation de la République en 1946 », répète inlassablement Matteo Renzi sur les plateaux de télévision pour convaincre un électorat divisé.
Depuis deux semaines, les sondages sont interdits. Les derniers chiffres indiquaient le non en tête avec environ huit points d’avance. Mais les enquêtes d’opinion effectuées sous le manteau montrent que l’écart se serait réduit à quelques jours d’un scrutin essentiel. Reste que ces estimations sont peu crédibles, les proches du Président du Conseil tablant sur les indécis, estimés à quelque 20% par les instituts d’études à la mi-novembre.
Pour conquérir ces électeurs, l’équipe du Florentin a tenté de dresser un bilan positif de ces deux années passées au timon du paquebot Italie. Or le produit est difficilement vendable, les résultats de la « cure Renzi » étant globalement contrastés. La croissance est toujours en berne, le taux de chômage frôle la barre des 11,7% car la réforme de l’emploi n’a pas produit les effets escomptés et les Italiens sont mécontents.
Dans ce contexte et le référendum ayant pris une tournure politique, Matteo Renzi risque d’être pris à son propre piège. « Personne ne lui avait demandé de mettre sa démission dans la balance pour faire pencher le vote en sa faveur », estime Silvio Sircana. Comme une bonne partie du centre-gauche, l’ex sénateur démocrate et ancien porte-parole du gouvernement de Romano Prodi votera oui. Non pas pour soutenir l’actuel président du Conseil et sa politique qui ne fonctionne pas, dit-il, mais pour éviter une crise institutionnelle avec, à la clef, des législatives anticipées et une probable victoire du Mouvement 5 étoiles (M5S). Une éventualité qui rassemble d’ailleurs de nombreux électeurs autour du oui. « Avec la montée du populisme en Europe nous ne pouvons pas risquer de confier le pays à un mouvement qui flirte avec l’extrême-droite européenne et sponsorise la sortie de l’Italie du cercle de l’euro », assène le chirurgien Marco Macrì.
Ce scénario ne fait pas seulement trembler les Italiens. Depuis plusieurs semaines, la presse anglo-saxonne multiplie les prévisions apocalyptiques. Tout en sponsorisant la victoire du non, le quotidien britannique The Financial Times a évoqué la faillite de huit banques en cas de rejet du référendum. Et le Wall Street Journal prédit la sortie de la péninsule de l’euro et des retombées pour l’Europe « pires que celles du Brexit ».
L’Union européenne a également mobilisé ses troupes. Il y a quelques jours, le président de la Commission européenne Martin Schulz et Barack Obama se sont directement impliqués dans la campagne référendaire aux cotés de Matteo Renzi. Et en Italie, l’entourage du président du Conseil a tenté de désamorcer la bombe en affirmant que le Florentin pourrait également rendre son tablier en cas de victoire du oui. Formé en 2014 pour faire passer des réformes importantes comme celles de l’emploi et du Sénat, l’exécutif aura achevé sa tache en remportant le référendum. « L’idée est de surfer la vague de consensus en cas de victoire pour anticiper les législatives de 2018 à 2017 afin de couper l’herbe sous le pied du M5S et de renforcer Matteo Renzi en lui permettant de gouverner pendant cinq ans », analyse Silvio Sircana.
Toutefois, les dés ne sont pas jetés et la messe n’est pas dite. A l’impact des pressions de la presse économique internationale, des institutions européennes et des gouvernements amis, pourrait s’ajouter celui des chiffres. Car une défaite sur le fil du rasoir pourrait pousser Matteo Renzi à rester aux commandes du paquebot Italie.
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