Bernard Malamud : à Brooklyn, un commis paumé ramené sur le droit chemin

Dans « Le Commis », l’auteur américain Bernard Malamud revient à ce qu’il connaît le mieux : les quartiers pauvres de Brooklyn, toile de fond d’une Amérique où tout se mélange, la vertu, la roublardise, le hasard, et les retournements de sort…

Pourquoi le lecteur français aime-t-il Roth et se tient-il éloigné de Bellow et de Malamud ? Les éditions Rivages, qui ont déjà publié en début d’année le Meilleur et l’Homme de Kiev, récidivent avec le Commis* qui devrait achever de rendre justice au moins connu, ou au plus méconnu, du fameux trio le plus célèbre du roman américain.

Né lui-même à Brooklyn, Bernard Malamud a grandi dans un environnement pas très éloigné de celui du livre, l’arrière-boutique d’une épicerie familiale qui va offrir matière à une vision en coupe de l’Amérique de la fin des années 50. Celle du welfare mais pas pour tout le monde, celle où, pour le plus grand nombre, il faut trimer pour s’en sortir, celle où le rêve américain est sérieusement mis à mal, celle en somme des « héros accablés » (la formule est de Roth). Derrière la rage de vaincre, comme toujours chez cet auteur loufoque et désespéré, se cache une part d’ombre et des comptes obscurs à régler.

A Brooklyn, Dieu « aime les pauvres et aide les riches »

Après son premier roman qui se déroulait dans l’univers du base-ball américain, Malamud revient à ce qu’il connaît le mieux, les quartiers pauvres de Brooklyn où les factures s’entassent plus vite que les recettes et où on s’endort avec les fournisseurs dans la tête. Cette fable raconte la conversion d’un monte-en-l’air qui s’est acheté une conduite, d’un commis paumé ramené par son patron sur le droit chemin.

Nulle trace de psychologie ou de morale chez Malamud, contrairement à Bellow ou à Roth. Mais une Amérique où tout se mélange, la vertu, la roublardise, le hasard, les retournements de sort, Dieu « qui aime les pauvres et aide les riches » , les courses dans la neige pour rendre la monnaie qu’une belle Italienne a oubliée sur le comptoir, le destin qui trace son chemin, la rédemption qui ne vient pas toujours où on l’attend.

Paru en 1957, le livre sera sacré par Time comme l’un des 100 livres du siècle. Du trio Roth-Bellow-Malamud, seul le dernier n’a jamais été ni nobélisé, ni nobélisable. Le 21 octobre 1976, il notait dans son journal : « Bellow a reçu le prix Nobel, j’ai gagné 24 dollars et 25 cents au poker. »

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