Alors que le candidat Les Républicains tout juste désigné pour 2017 veut procéder à un déremboursement massif de la Sécurité sociale pouvant occasionner des milliers d’euros de dépenses supplémentaires par an pour chaque citoyen français, ce manifeste signé par 30 parlementaires socialistes et écologistes propose des solutions simples pour redonner des conditions de vie décentes et une véritable dignité aux personnes âgées et retraitées.
Les conditions de vie des personnes retraitées ne cessent de se dégrader depuis plusieurs années. Bien loin de l’image de nantis qu’on leur prête parfois, de plus en plus de retraités souffrent d’une précarisation croissante insupportable. En cause : le gel des pensions de retraite qui dure depuis trois ans maintenant. Cette politique restrictive est mise en œuvre dans l’unique but de limiter la dépense publique, au nom d’une doxa européenne qui amène les gouvernements les uns après les autres à rechercher des économies de bouts de chandelles avec des conséquences quotidiennes dramatiques pour nos citoyens, au premier rang desquels les retraités les plus modestes. Rappelons que cette mesure pourrait rapporter en tout et pour tout 1,3 milliards d’euros d’économies, montant qui apparaît bien faible quand on le met en comparaison avec les 13 millions de citoyens qui en souffrent.
Depuis des années, on entend dire que le gel des pensions de retraite se justifie par la faible inflation des prix à laquelle elles sont indexées, héritage de la Réforme Balladur de 1993. Cette conception économique est de toute évidence dangereuse puisque limiter fortement les revenus (ici les pensions) quand l’inflation est faible revient à entretenir une spirale déflationniste en tirant la consommation à la baisse. L’existence d’une telle indexation, au-delà de son caractère économiquement incohérent, témoigne d’une conception historiquement contestable du régime des retraites.
La volonté en effet du Conseil National de la Résistance (CNR) à la fin de la Seconde Guerre Mondiale n’était pas de mettre en place un système de charité des actifs vers les retraités mais bien d’instituer un véritable salaire différé auquel on avait légitimement droit après une vie de labeur. Comme nous le rappellent ces mots d’Ambroise Croizat, Ministre communiste des travailleurs, à l’Assemblée nationale en 1945 : « Comme une enfance digne ne va pas sans une vieillesse heureuse et pour une retraite qui ne soit pas l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie, nous attribuons une allocation importante à tous les travailleurs ».
Bien qu’insuffisante, l’exonération de Contribution Sociale Généralisée (CSG) pour les plus petites pensions prévue dans le Projet de loi de finances pour 2017 est un geste appréciable mais qui relève, là encore, d’une conception fausse et toujours charitaire de la nature du régime des retraites. La réindexation des pensions de retraite sur les salaires et non plus sur l’inflation, à l’aide d’un coefficient prenant en compte les différents niveaux de retraites afin de ne pas creuser l’écart entre les pensions modestes et les très grosses pensions, est indispensable économiquement et socialement et elle correspondrait à la volonté initiale du CNR. Surtout, cela stopperait l’appauvrissement continu des retraités par rapport aux actifs.
Combiné aux faibles taux d’intérêts entraînant une faible rémunération des épargnants, le gel des pensions affecte grandement le niveau et la qualité de vie des retraités et personnes âgées. Dans un pays développé, rendre à ce point difficiles les conditions de vie de nos aînés est inacceptable. Par-delà la thématique des pensions de retraite, la prise en charge de nos aînés dans un contexte de vieillissement de la population soulève en outre des problématiques de santé et d’aide à l’autonomie qui restent en grande partie à régler.
Avec la Loi portant adaptation de la société au vieillissement, le Gouvernement a pris la mesure des nouvelles problématiques liées à la « révolution de l’âge » parmi lesquelles la nécessité de donner la possibilité aux personnes âgées de vieillir chez elles dans la dignité, celle de revaloriser l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) ou encore de mettre en place un droit au répit pour les proches aidants. Malgré cela, de nombreux problèmes persistent concernant la prise en charge de la perte d’autonomie des aînés :
1) Dans un premier temps, pour les personnes qui ne peuvent plus vivre à domicile, le prix des établissements d’accueil constitue souvent un énorme investissement. Selon l’édition 2014 de l’Observatoire des EHPAD, les tarifs mensuels de ces derniers s’élèvent en moyenne à 1810 € par mois dans le privé et à 1708 € dans le public. Parallèlement et selon le même organisme, le niveau de vie médian des retraités en France en 2011 est de 1523 €. Cet état de fait oblige souvent les moins aisés à vendre leur patrimoine – quand ils en ont – pour avoir accès à ces établissements, ce qui est un déchirement bien compréhensible et les prive de ce qui constitue bien souvent leur seul héritage à transmettre à leurs descendants.
2) La perte d’autonomie des personnes âgées pourrait être prise en charge de manière beaucoup plus efficace aujourd’hui. En effet, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), créée dans le sillage de la Loi d’adaptation de la société au vieillissement, bénéficierait de réserves inutilisées d’un montant de 700 millions d’euros liées au prélèvement de la Contribution Additionnelle de la Solidarité pour l’Autonomie (CASA). Il apparaît logique d’utiliser ces ressources pour la prise en charge de personnes en perte d’autonomie et non de les « détourner » pour d’autres usages (comme cela a été le cas en 2013 avec le Fonds solidarité vieillesse). Une plus grande transparence et une meilleure traçabilité des fonds issus de la CNSA notamment issus de la CASA semblent à cet effet indispensables.
3) Conséquence directe de toutes les problématiques citées précédemment (baisse du niveau de vie, cherté des EHPAD, perte d’autonomie…), le taux de suicide chez les personnes âgées atteint des niveaux extrêmement préoccupants. 3000 d’entre elles se donneraient la mort chaque année, ce qui correspond à environ un tiers du total des suicides en France. Ce dernier chiffre est symptomatique de l’échec de notre société à bien s’occuper de ses aînés.
L’amélioration des conditions de vie des retraités est à portée de main. Bien que non exhaustives, voici quelques mesures qui pourraient être mises en place d’urgence et de manière résolument simple :
Ø Une indexation des pensions retraites sur les salaires des actifs et non plus sur les prix ;
Ø Une politique volontariste d’aide à l’accès aux EHPAD ;
Ø Une meilleure utilisation et une traçabilité des fonds de la CNSA.
Hervé Féron
Linda Gourjade
Régis Juanico
Yves Daniel
Marie-Noëlle Lienemann
Edith Gueugneau
Jean-Pierre Blazy
Mathieu Hanotin
Noël Mamère
Alexis Bachelay
Pascal Cherki
Isabelle Bruneau
Serge Bardy
Paola Zanetti
Chaynesse Khirouni
Patrick Vignal
Christophe Premat
Dominique Chauvel
Stéphane Travert
Kléber Mesquida
Jean-Pierre Dufau
Chantal Guittet
Sabine Buis
Jean-Luc Bleunven
Pierre Aylagas
Françoise Dubois
Marie-Lou Marcel
Lucette Lousteau
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Christian Paul
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