1er décembre, 20h10 : la machine Valls peut se mettre en marche vers 2017

Ce jeudi 1 décembre à 19 heures, lorsque l’annonce d’une allocution présidentielle tombe, c’est la panique à Matignon. Et pour cause, Manuel Valls a tout fait pour que rien ne filtre des discussions qu’il a eues, lundi, avec le chef de l’Etat. A 20h10, une fois actée l’annonce de la non-candidature de François Hollande, la machine Valls est lancée. Récit.

Lorsqu’à 19 heures pétantes, ce lundi 1er décembre, tombe la dépêche annonçant une allocution pour 20 heures en direct de l’Elysée, c’est la panique à Matignon. Personne ne s’attendait à une prise de parole présidentielle. Pis, on ne sait strictement rien de ce que va dire François Hollande… Les hypothèses fusent, autour des deux seules possibilités qui s’offrent au Président : être candidat pour 2017 ou ne pas l’être. Pour le chef de l’Etat comme pour Hamlet, le héros shakespearien, seule compte cette question qui touche à l’existence même. Dans la vie politique, être candidat est une preuve de vie. Ne pas l’être, une petite mort.

« Valls et Hollande se sont mis d’accord »Passé 19 heures, donc, on s’interroge, on tente de démêler les fils, chez les journalistes comme chez les politiques. Il faut dire que de leur déjeuner en tête-à-tête ce lundi 28 novembre, François Hollande et Manuel Valls ont su préserver une grande part de mystère. Les journalistes les mieux informés sont bien arrivés à récupérer quelques bribes de leur discussion. Mais qui laissent plus de place à l’interprétation qu’aux certitudes…

L’un des proches de Manuel Valls nous le confirme : « Je n’ai eu que des retours partiels de leur discussion. Je suis incapable de prévoir ce que va dire le Président ». Plus tôt dans la semaine, un autre lâchait : « Il y a des moments où les entourages entourent et les décideurs décident et où les premiers doivent être modestes et discrets ». A l’image de leur chef de file, les vallsistes sont disciplinés. A une demi-heure de la prise de parole de François Hollande, l’un d’eux concède tout juste que durant le déjeuner de lundi, le Premier ministre et le Président « se sont mis d’accord et qu’ils ont continué à parler depuis », pour affiner. Et d’assurer : « Je suis sûr que le Président n’y va pas. Faire une annonce de candidature depuis l’Elysée, ce n’est pas possible ». 

A 20h10, après une déclaration de près de dix minutes qui aura eu l’effet de montagnes russes, tant les mots choisis permettaient un coup d’être sûr qu »‘il y va », puis « non finalement » et « en fait si », François Hollande donne raison à notre interlocuteur : « Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat au renouvellement de mon mandat. » Une décision historique, qui fait de François Hollande le seul Président de la Ve République à ne pas briguer un second mandat. Mais chez les vallsistes, les réactions sont rares. C’est pourtant leur jour de gloire, le commencement d’une nouvelle étape.

« Manuel Valls ne veut pas être dans la précipitation »Un vallsiste accepte finalement de nous donner ses premières impressions, rendant d’abord hommage au Président : « Je trouve qu’il a été très classe, très responsable. Le discours était propre. On voit bien qu’il est très marqué mais en même temps très combatif, il a défendu son bilan, les éléments positifs qu’il faut et faudra souligner ». C’est en effet un François Hollande tout en émotion qui s’est présenté aux Français. « J’ai cru qu’il allait nous claquer entre les doigts », lâche d’ailleurs le responsable politique. Rares sont les socialistes à avoir déjà vu l’animal à sang froid dans cet état. 

Quel sera le calendrier de Manuel Valls, maintenant que son principal concurrent vient d’abdiquer ? « Désolé mais je dois lui laisser champ libre », oppose un élu proche de lui à nos questions insistantes. « Manuel Valls doit être le seul à avoir la maîtrise de sa parole. C’est à lui de s’exprimer en premier, pas aux autres. J’espère que son entourage respectera cette consigne », appuie un proche. La consigne vient donc d’en haut. Toujours cette discipline vallsiste. Et ce goût du secret. On peut le comprendre, le chemin vers l’Elysée est semé d’embûches. En premier lieu la primaire de la Belle Alliance Populaire (BAP) : rien ne sert de donner des indices à un Arnaud Montebourg qui l’attend au tournant.

L’un des soutiens du Premier ministre concède tout de même quelques confidences : « Manuel Valls ne veut pas être dans la précipitation. Il se pose même la question d’aller ce samedi à la convention de la BAP. S’il va comme Premier ministre et qu’il ne dit rien de sa candidature, les gens vont rigoler. S’il y va et qu’il se déclare, on l’accusera d’utiliser les moyens de l’Etat pour faire campagne. Mais surtout, y aller trop vite serait un manque de respect envers le Président. Manuel s’y refuse. Les deux se parlent régulièrement depuis lundi, ils ont prévu de se reparler lorsque François Hollande revient d’Abu Dabi, ce week-end ».

Il est 20h28, ce 1er décembre. La machine Valls s’ébranle prudemment. 

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