Si François Fillon prône le rassemblement de LR en vue de la présidentielle, il n’en tient pas moins rigueur à Valérie Pécresse, son ancien soutien, d’avoir rallié Alain Juppé. De nombreuses voix appellent à une réconciliation entre le candidat et la patronne de l’Ile-de-France, mais aucun des deux protagonistes ne semble avoir envie de faire le premier pas…
C’est une friture sur la ligne qui en dit long. Dimanche 27 novembre, Valérie Pécresse a envoyé un SMS à François Fillon pour le féliciter de sa victoire à la primaire de la droite. L’intéressé, peu réactif sur son téléphone portable, ne lui a pas répondu. « François Fillon a dû recevoir énormément de messages, il n’a pas encore eu le temps de répondre à tous », veut croire Jérôme Chartier, porte-parole du candidat à la présidentielle.
Pas sûr pourtant qu’il s’empresse de lui faire un signe, tant la relation actuelle entre le nouveau patron de Les Républicains (LR) et la présidente de la plus grande région de France, jadis si proches, est devenue glaciale. Dans l’esprit de François Fillon, son ancienne lieutenant n’est plus prioritaire. Peu importe qu’elle lui envoie des messages chaleureux ou qu’elle salue sa « magnifique victoire » dans un message sur Facebook. Le Sarthois ne pardonne pas à l’élue des Yvelines son ralliement à Alain Juppé pour la primaire, alors qu’il pensait compter sur son soutien, comme à chaque échéance depuis 2012.
Dans une interview au Parisien, le 8 novembre dernier, le député de Paris a laissé échapper son ressentiment : « Je suis déçu, mais sans doute est-elle encore plus gênée que moi. Il y a encore peu de temps, elle disait qu’elle hésitait entre Nicolas Sarkozy et moi, et qu’Alain Juppé ne correspondait pas à ses attentes… » Et certains membres de l’entourage de François Fillon se sont empressés de communiquer aux médias le surnom donné en interne à l’élue : Valérie « Traîtresse ».
Même le triomphe à la primaire n’a pas apaisé l’ancien Premier ministre. Selon le Canard enchaîné de ce mercredi 30 novembre, il a expliqué à ses proches qu’il n’entendait pas absoudre la patronne de l’Ile-de-France si facilement. « Ce sera compliqué de faire comme si de rien n’était ». L’ex-député Etienne Pinte, qui connaît François Fillon depuis quarante ans, nous confirme les dispositions à la rancœur du député de Paris : « François n’est pas rancunier, mais il a de la mémoire », note-t-il malicieusement.
Difficile tout de même d’imaginer François Fillon battre la campagne présidentielle en laissant de côté la présidente de la première région d’Europe, qui a réussi à rassembler dans sa majorité LR, l’UDI et le Modem sans aucune anicroche. « Elle est extrêmement efficace, indispensable », estime ainsi le député de Paris Bernard Debré, qui souhaite que l’ancienne ministre du Budget participe à la campagne. Dans le staff du candidat, la patronne de l’Ile-de-France pourra compter sur la présence de proches, comme Patrick Stefanini, qui vient de démissionner de la région pour devenir directeur général de LR, ainsi que Jérome Chartier, à la fois porte-parole du Sarthois et premier vice-président de l’Ile-de-France. Pour Vincent Jeanbrun, maire de l’Haÿ-les-Roses et proche de Valérie Pécresse, la réconcliation publique aura même lieu prochainement : « Ils ont de l’estime l’un pour l’autre donc le rassemblement se fera et s’affichera. Valérie aura toute sa place dans la campagne ».
Reste à savoir comment procéder. Si Jérôme Chartier affirme souhaiter qu’elle et François Fillon « se rencontrent » en vue du rassemblement pour la campagne de 2017, il ajoute immédiatement que « ce sera à Valérie d’en prendre l’initiative. » Or celle-ci ne serait pas demandeuse. A en croire des collaborateurs de l’élue, elle ne voudrait d’aucun statut quelconque dans la campagne à venir. « Valérie Pécresse ne cherche aucun rôle », se borne à répéter son entourage. Elle accepterait de donner un coup de main… si on vient le lui demander. Un cadre républicain qui a soutenu Juppé explique qu’en réalité, la baronne francilienne n’a aucun intérêt à se mettre dans la main des fillonnistes :
« Si elle se met à genoux comme on pourrait le lui demander, cela ne lui profitera pas. On l’utilisera pour la campagne et on la laissera tomber ».
Cet élu estime que l’Yvelinoise a plutôt intérêt à se concentrer sur sa région : « C’est de l’Ile-de-France qu’elle tire sa légitimité et son indépendance », fait-il valoir.
Valérie Pécresse pourrait ainsi devenir un soutien critique de François Fillon, capable d’encenser le Sarthois dans les moments décisifs mais aussi de jouer sa propre partition quand elle l’estimera nécessaire. Comme l’a été Martine Aubry pour François Hollande…. « Mais Fillon n’est-il pas plus rancunier qu’Hollande ? », fait mine de s’interroger un hiérarque de LR. Dans un tel scénario, impossible d’envisager la nomination de Valérie Pécresse à Matignon, comme il en était hypothétiquement question avant sa « trahison ». « Fillon ne prendra jamais quelqu’un qui l’a abandonné », croit savoir un vieux compagnon de route qui vient de renouer avec le candidat. Les deux hommes ont échangé des SMS. A croire que certains messages ont plus attiré son regard que d’autres.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments