Pourquoi le retrait de Hollande n'arrange pas Fillon

La décision de François Hollande de ne pas se représenter plonge dans l’incertitude François Fillon, qui risque de tomber sur un adversaire plus coriace que le président sortant en 2017.

La droite est restée prudente dans ses réactions au renoncement de François Hollande à briguer un second mandat présidentiel, ce jeudi 1er décembre. Si, sur les plateaux télé et les réseaux sociaux, les ténors du parti Les Républicains ont glosé sur « la première décision lucide » du chef de l’Etat, ils se sont bien gardé de crier à la bonne nouvelle. Et pour cause : voilà la droite plongée dans l’inconnu ! Qui donc sera l’adversaire de François Fillon, candidat à la présidentielle couronné par la primaire dimanche dernier ? La décision inédite du chef de l’Etat ne va-t-elle pas permettre à la gauche de se remobiliser derrière un candidat plus fédérateur ?

Certes, la droite donne à la déclaration choc de François Hollande des allures de victoire idéologique. « Son échec patent » qui « lui interdit d’aller plus loin », comme l’écrit François Fillon dans un communiqué lapidaire (six lignes), prouverait l’urgence de « l’alternance » et du « redressement de la France ». En clair : si François Hollande en est au point de devenir le premier président de la Ve République à ne pas se représenter, c’est qu’il est vraiment temps que l’opposition lui succède au pouvoir.

La gauche a cinq mois pour se reconstruire

C’est de bonne guerre mais ce n’est pas si simple, et la droite le sait très bien. En faisant connaître sa décision dès le 1er décembre, soit cinq mois avant la présidentielle, François Hollande donne à la gauche du temps pour se trouver un autre candidat et le parer de tous les atours possibles. Dans son allocution, il n’a d’ailleurs prononcé qu’un seul nom, celui de François Fillon, manière de désigner clairement l’adversaire à ceux qui se lanceront au combat à sa place. En renonçant, le président remet d’un coup sur les rails la primaire du PS, dont l’existence restait suspendue à son annonce. Le scrutin des 22 et 29 janvier verra sans aucun doute Manuel Valls et Arnaud Montebourg se disputer la succession socialiste. Tandis qu’en dehors de la primaire, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont plus que jamais en campagne, portés par de bons sondages.

Autrement dit, le retrait de François Hollande dégage l’espace pour un candidat plus redoutable que lui face à la droite. Parmi les proches de François Fillon, on tente toutefois de se rassurer. « C’est assez neutre. La gauche est explosée et discréditée, donc les questions de personnes auront peu, voire pas d’impact », affirme à Marianne le député Serge Grouard, en charge du projet de l’ancien Premier ministre. Mais le député juppéiste Dominique Bussereau, lui, admet bien volontiers le danger : « Pour Francois Fillon et pour nous, Manuel Valls et Macron seront des concurrents plus compliqués. Donc rassemblons-nous fortement », avertit-il sur Twitter. Dans un communiqué, le nouveau secrétaire général de LR, le filloniste Bernard Accoyer, préfère railler la « confusion de totale » de la gauche et les « ambitions personnelles de candidats de remplacement ». Une expression destinée à les identifier, coûte que coûte, au bilan de François Hollande, la cible dont la droite devra désormais apprendre à se passer.

[Mis à jour vendredi 2 décembre à 11:10 : ajout de la réaction de Serge Grouard]

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply