Le patron du MoDem se garde bien de dire s’il sera candidat à l’élection présidentielle et préfère attaquer le programme du vainqueur de la primaire de la droite. Il est vrai qu’il n’avait pas tellement prévu l’hypothèse Fillon…
Se présentera, se présentera pas ? Invité du journal de 20 heures de France 2 ce mercredi 30 novembre, François Bayrou se garde bien de trancher sur une candidature à l’élection présidentielle de 2017. « C’est une décision assez grave pour qu’on la prenne par étape », balaie-t-il. Trois jours après le second tour de la primaire de la droite, qui a couronné François Fillon, le maire de Pau préfère rappeler son « amitié » avec l’ancien Premier ministre… tout en se livrant à un dézingage en règle de son programme ! « Le projet qui est celui de François Fillon est dangereux pour l’alternance », assène-t-il. Il s’insurge contre la fin de la durée légale du travail, la hausse de deux points de la TVA ou encore la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires. « C’est Robin des bois à l’envers, il prend aux pauvres pour donner aux riches », affirme le patron du MoDem, citant Alain Madelin.
Certes, mais alors que compte faire François Bayrou ? « Je vais à partir de cette semaine organiser avec mes amis des rencontres publiques sur chacun de ces sujets qui nous inquiètent », afin de « bâtir un programme pour l’avenir », annonce-t-il. Pour mener campagne en 2017 ? Il élude : « Je n’exclus rien, je ne ferme aucune porte. »
François Bayrou choisit donc de temporiser, et pour cause : la victoire écrasante de François Fillon l’a pris au dépourvu. Avant ce résultat surprise, le patron du MoDem avait deux scénarios en tête. Si son ennemi Sarkozy remportait la primaire, il déclarait immédiatement sa candidature pour l’affronter de nouveau. Si c’était son allié Juppé, contre lequel il avait promis de ne pas se présenter, il comptait « reconstruire le centre » pour en faire un pilier de la future majorité. Même si Bayrou ne croyait pas tellement à la victoire du maire de Bordeaux… « Si je soutiens Alain Juppé, c’est aussi par altruisme, nous glissait-il en septembre. Ça montre que contrairement à la caricature que l’on fait de moi, je ne suis pas obsédé par la présidentielle. »
Mais à l’instar de la quasi-totalité des observateurs, Bayrou n’avait pas vu venir Fillon. Les deux hommes s’apprécient et ont toujours entretenu de bonnes relations. Mais, avant même le second tour de la primaire, le maire de Pau a pris ses distances avec le programme du futur vainqueur. « Pour moi, la brutalité de ce qui est proposé en termes de débat de société et d’hyperaustérité est en contradiction avec ce que la situation exige pour le pays », confiait-il à Marianne (en kiosques).
Dès sa victoire acquise, François Fillon a rapidement envoyé un signal au Béarnais. « On va se parler », assurait-il lundi sur France 2, tout en l’avertissant : « Il sait très bien que la division pourrait conduire à une situation dramatique pour les idées qu’on représente. » Pour l’instant, on ne peut pas dire que François Bayrou tende la main… Il est vrai qu’un sujet très politicien s’invite en toile de fond : les investitures aux élections législatives de juin prochain. Alors que plus aucun député ne se réclame du MoDem, François Bayrou aimerait reconstituer un groupe à l’Assemblée nationale, mais sait qu’il devra s’accorder avec François Fillon pour que le parti Les Républicains lui laisse le champ libre dans certaines circonscriptions. Une bonne raison de lui mettre la pression.
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