Avec Trump, les vautours gouverneront l’Amérique

Les deux principales nominations dans le gouvernement du futur président, à l’économie et au commerce, échoient à des financiers de haut vols, milliardaires, spéculateurs et donateurs de la campagne du candidat républicain.

On se souvient que Donald Trump clamait pendant sa campagne : « Je les connais, les banquiers de Goldman Sachs ! Ils exercent un contrôle total sur Hillary Clinton. » La connivence, réelle, entre les Clinton Bill et Hillary, avait beaucoup servi à justifier une tendresse politique pour « le Donald », censé par simple parallélisme des formes, représenter les intérêts des « petits», notamment les classes moyennes blanches, contre les « gros », alliés aux minorités et à Hillary Clinton.

Patatras ! Le décor médiatique en carton s’écroule lorsque Trump révèle pour qui il roule vraiment : les banquiers et les spéculateurs qui ont financé sa campagne, et qu’il nomme aux postes stratégiques. Les allers-retours entre Washington et Wall Street sont fréquents aux Etats-Unis, dans les administrations démocrates comme républicaines, mais rarement un tel niveau de mainmise avait été atteint !

Un programme de banquier

Donald Trump confie ainsi le poste de secrétaire au Trésor (ministère de l’économie et des finances) à Steve Mnuchin, ancien de la Banque Goldman Sachs (dite « la Firme ») et actuellement à la tête d’un énorme fonds d’investissement appelé Dune Capital (il a financé notamment le film Avatar). Munchin mettra en œuvre les orientations de Trump : baisse des impôts pour les entreprises, amnistie fiscale pour les rapatriements de capitaux, et démantèlement de la loi Dodd-Franck qui sépare les activités bancaires des activités spéculatives, afin d’éviter une nouvelle crise des suprimes. Un programme de banquier, en somme.

L’AFP relate un épisode de sa vie comme suit :

« En 2008 Mnuchin convainc les milliardaires George Soros et John Paulson de racheter aux enchères pour 1,55 milliard de dollars la banque californienne en faillite IndyMac, spécialisée dans les prêts hypothécaires « subprime ».

M. Mnuchin réussit à obtenir du régulateur bancaire FDIC qu’il assume près de la totalité des pertes en cas de défaut de paiement des clients.

Rebaptisé OneWest, l’établissement renoue très vite avec les bénéfices au prix d’expulsions tous azimuts. D’après le site spécialisé Foreclosureradar, le taux de saisie de OneWest était de 59% en 2009 contre 54% chez les autres banques.

Ces expropriations étaient aussi destinées, selon les sites Think Big Work Small et IamFacingForeclosure, à encaisser les garanties apportées par l’Etat fédéral, ce qu’a toujours rejeté M. Mnuchin. Ses associés et lui revendront OneWest en 2014 pour 3,4 milliards de dollars, soit plus du double de leur mise initiale, au groupe CIT dont il est devenu actionnaire. Une coalition d’associations californiennes (California Reinvestment Coalition) vient de saisir les autorités pour dénoncer des pratiques « discriminatoires » de l’ex-OneWest envers les Noirs et les Hispaniques. » 

Un roi de la faillite ministre du Commerce

Le poste de secrétaire au Commerce revient à un personnage du même calibre, Wilbur Ross. Même s’il ne négociera pas les accords internationaux (rôle du « représentant spécial du président », pas encore nommé) il a déjà défini sa politique : « Je suis moi-même favorable au commerce mondial. Beaucoup de nos entreprises son engagées dans le commerce international. Mais (…) tout accord commercial doit faire en sorte de bénéficier aux Etats-Unis. » Au moins annonce-t-il la couleur !  

Il est présenté par l’AFP comme un « spécialiste du redressement des entreprises en difficultés très bien introduit à Wall Street ». En fait son surnom, c’est « le roi de la faillite », tant il ressemble à un Bernard Tapie (qui aurait réussi). Né en 1937, Ross a longtemps travaillé pour la banque Rothschild, se spécialisant dans les affaires de faillites. Il avait à ce titre aidé Donald Trump, dont les casinos d’Atlantic City (New Jersey, est) se portaient particulièrement mal à la fin des années 1980. Au début des années 2000, Wilbur Ross a créé sa propre société d’investissements, WL Ross & Co, se lançant dans une entreprise de « sauvetage » de groupes sidérurgiques en difficultés. Dans les années suivantes, il allait s’intéresser de la même façon aux pièces détachées automobiles, au textile et au charbon. C’est ainsi qu’une de ses mines explosa en Virgine occidentale, causant la mort de 13 mineurs. Sa gestion ignorant la sécurité est mise en cause. 

Sa fortune est évaluée aujourd’hui par le magazine Forbes à 2,9 milliards de dollars, le situant au 232e rang des milliardaires américains. WL Ross a dû payer 2,3 millions de dollars en août dernier dans le cadre d’un accord à l’amiable avec le gendarme de la Bourse américaine (SEC) portant sur la facturation de commissions aux investisseurs dans ses différents fonds. Ses activités ne se limitent pas aux Etats-Unis. Il est ainsi devenu l’un des membres du Conseil d’administration de la Bank of Cyprus après que celle-ci a fait faillite en 2013 puis a été renflouée dans le cadre d’un plan de sauvetage européen du secteur bancaire chypriote se montant à 10 milliards de dollars.

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