En Syrie, l’armée du régime a lancé une grande offensive à Alep pour récupérer les quartiers est de la ville aux mains de la rébellion. La France parle d' »une catastrophe humanitaire » en cours. Entre les canons de Bachar, les bombes de Moscou et les kalachnikovs de la rébellion, il reste plus de 250 000 habitants coincés au milieu.
C’était une ville coupée en deux depuis 2012. A l’est, les quartiers tenus par la rébellion. A l’ouest, ceux de l’armée de Bachar al-Assad. Elle est aujourd’hui en passe d’être entièrement reprise par les forces loyalistes. Depuis maintenant deux semaines, Bachar al-Assad, qui a toujours fait d’Alep un enjeu majeur – la ville avant le début du soulèvement anti-régime était la capitale économique de la Syrie – a intensifié la pression et lancé une grande offensive au sol appuyée dans les airs par l’aviation russe.
Les bombes moscovites se sont focalisées sur les hôpitaux, pour essouffler la rébellion. Mardi 29 novembre, Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, a évoqué « une catastrophe humanitaire » et a appelé à la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Depuis mardi dernier, l’intensité des combats a redoublé. Une nouvelle phase de conquête a débuté avec de nombreux bombardements qui visent particulièrement les dispositifs de soins », a témoigné le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du Monde, au Figaro.
Sur place, les civils fuient les lieux de combats et se retrouvent dans les faubourgs et les rues de la ville par milliers comme le montre cette vidéo publiée par un journaliste de la BBC.
Footage from #Syria–#Russia interpreter shows East #Aleppo civilians on streets mulling future, Shi’a religious chants blaring from vehicle pic.twitter.com/D0pYGXszyT
— Riam Dalati (@Dalatrm) 29 novembre 2016
Certains tentent de se réfugier dans les zones tenues par les Kurdes syriens, les YPG, dans le nord de la ville ou dans celles aux mains de l’armée loyaliste. Les forces rebelles se retrouvent dorénavant dans la partie sud-est de la ville, encerclées par les soldats de Bachar, sans aucune possibilité de fuite.
En 2015, avec l’entrée en guerre de la Russie pour soutenir un Bachar al-Assad sur le déclin, le rapport de force en Syrie a basculé en faveur du régime. Le récent rapprochement entre Recep Erdogan, le président de la Turquie, et Vladimir Poutine en août dernier, a accéléré ce revirement.
La Turquie représentait jusqu’à présent une soupape de sécurité pour les éléments islamistes de la rébellion. La frontière turque, véritable passoire pour les membres de la rébellion, permettait à celle-ci de s’approvisionner sur le marché noir, en armes, en vivres et en munitions. Mais avec le lancement de l’opération « Bouclier de l’Euphrate » par Erdogan, pour casser l’avancée des forces kurdes de Syrie vers l’ouest du pays, la situation a rapidement évolué.
« Quand les Turcs ont commencé à prendre des zones à l’EI et aux Kurdes avec la ville de Jarablus en premier, ils ont demandé à des factions rebelles qui avaient cassé le blocus d’Alep à l’époque de se retirer de la zone d’Alep et de les rejoindre à Jarablus pour combattre l’Etat islamique (et les YPG Kurdes NDLR) (…). Aujourd’hui, les factions rebelles d’Alep se retrouvent seules face à la machine de guerre de l’armée syrienne et de ses milices supplétives », comme l’explique Wassim Nasr, journaliste à France 24.
#Syrie : le régime coupe en deux les territoires tenus par les rebelles à #Alephttps://t.co/y9PzdI8gBe @France24_fr
— Wassim Nasr (@SimNasr) 28 novembre 2016
Avec la période de transition présidentielle aux Etats-Unis, et l’élection de Donald Trump qui pousse l’Etat major américain à un certain attentisme, la rébellion est privée d’un des seuls soutiens à pouvoir faire le poids face au géant Russe.
Bachar al-Assad est donc en bonne voie pour récupérer l’ensemble de la ville même si les combats pour reprendre le contrôle de la partie sud-est seront bien plus difficiles. Une victoire mais à quel prix ?
Car entre les canons de Bachar, les bombes de Moscou et les kalachnikovs de la rébellion, il reste plus de 250 000 habitants entre les deux camps, dans l’impossibilité de fuir.
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