Le programme de François Fillon en matière d’économie explique que le candidat de la droite à la présidentielle soit souvent comparé à Margaret Thatcher. Comme la Dame de fer, il semble en effet vouloir nous dire à chaque coin de phrase : « Je veux récupérer mon argent » et « il n’y a pas d’alternative »… Revue de détail.
« La libération de l’économie ». Dans son projet, François Fillon en a fait sa « première priorité » en cas d’élection à la présidence en mai 2017. Et parmi ses 15 « mesures phares », huit impactent les dépenses publiques. Concrètement, voici ce qu’elles impliquent pour les Français.
Vous avez aimé le pacte de responsabilité ? Vous ado-re-rez la « rupture fiscale » proposée par François Fillon. Côté entreprises, celle-ci signifie « dès le quatrième trimestre 2017, allègement de charges employeur (en langage patronal, on ne dit pas cotisations mais charges, ndlr) et suppression d’impôts assis sur la masse salariale, pour un total de 25 milliards d’euros ». A ajouter aux allègements du pacte de François Hollande (40 milliards en cinq ans), qui seront pérennisés. Ainsi qu’à une « baisse progressive du taux de l’impôt sur les sociétés à 25% » (34,4% actuellement), qui représente encore 10 milliards en moins pour l’Etat. Total des nouveaux cadeaux aux entreprises prévus par Fillon : 40 milliards d’euros.
Côté particuliers, le désormais candidat LR à la présidentielle prévoit de mettre en actes une vieille promesse de la droite : supprimer l’impôt sur la fortune (ISF), qui rapporte 5,5 milliards. Dans les pas de Jacques Chirac, donc, qui avait supprimé en 1987 son frère aîné, l’impôt sur les grandes fortunes (IGF). Fait amusant : à l’époque, son ministre du Budget et porte-parole du gouvernement n’était autre qu’un certain… Alain Juppé (François Fillon, lui, était alors député). Par la suite, aucun gouvernement de droite n’osera finalement démettre l’ISF, rétabli sous sa forme actuelle en 1989 par Michel Rocard. Fillon, lui, dit qu’il ose tout.
Pour assurer néanmoins l’équilibre des finances publiques, l’ex-Premier ministre mise sur « une augmentation du taux normal et du taux intermédiaire de TVA » (sans toucher au taux réduit et au taux super réduit). Sans surprise, puisque son gouvernement avait fait voter au printemps 2012 sa fameuse « TVA sociale » (« sociale » car destinée à l’époque à compenser une baisse des cotisations sociales sur les salaires), c’est-à-dire déjà une augmentation d’un à deux points, supprimée par François Hollande à son arrivée à l’Elysée. Cette fois, le taux normal de TVA passerait de 20 à 22% et le taux intermédiaire de 10 à 12%. L’avantage avec cet impôt indirect sur la consommation, c’est que personne ne le voit mais que tout le monde la paie et que ça rapporte (un point de TVA engrange environ 8 milliards d’euros de recettes publiques).
Quant à baisser l’impôt sur le revenu (IR), ne cherchez pas : ce n’est pas une priorité pour François Fillon, qui n’en parle que sous le prisme de la politique familiale. Son unique proposition en la matière est en effet de relever le quotient familial de 1.500 à 3.000 euros, ce qui permettra de baisser l’IR des ménages avec enfants qui le paient. Coût : 3 milliards.
Sur le sujet de la santé, cher au cœur des Français, la tournure du programme de François Fillon se veut tout en précautions : « Offrir la meilleure couverture santé possible à tous nos concitoyens en redéfinissant les rôles respectifs de l’assurance maladie et de l’assurance privée ». Mais dans les faits, le changement s’annonce rude : les remboursements de l’assurance maladie seraient désormais seraient réservés aux « affections graves ou de longue durée ». Le reste serait financé… par l’assurance privée, c’est-à-dire les mutuelles. Enfin, tous les patients seront « responsabilisés par l’introduction d’une franchise maladie universelle ».
« Les caisses sont vides » : cela, François Fillon nous le serine depuis 2007. S’il accède à l’Elysée, le candidat de la droite se promet donc cette fois de trancher dans le vif au cours de son quinquennat. Par un effort de 8% par rapport à l’ensemble de la dépense publique, qu’il reconnaît « très ambitieux ». Qui va payer ? L’Etat pour un tiers, les collectivités locales pour 20%, et enfin les administrations de sécurité sociale pour la moitié !
C’est à-dire, en fait : 20 milliards portés par les travailleurs qui ne partiront plus à la retraite avant 65 ans, plus de 20 milliards économisés sur les dépenses de santé, et encore 10 milliards sur le dos des chômeurs, qui verront s’appliquer « la dégressivité » et le « plafonnement des allocations ».
Enfin, les fonctionnaires se verront appliquer une double peine : le passage aux 39 heures, qui permettra une couple claire de 500.000 postes. A titre de comparaison, Nicolas Sarkozy n’était parvenu au cours de son quinquennat, à supprimer « que » 150.000 emplois.
Cette fois c’est promis, il le fera ! Les fameuses 35 heures, meilleur ennemi de la droite depuis 2002 mais qu’elle n’a jamais supprimées entre 2007 et 2012, vivent leurs derniers moments si Fillon gagne en 2017. L’idée étant de laisser aux entreprises le soin de négocier le temps de travail. Le Sarthois veut donc tout simplement supprimer toute limite légale française du temps de travail, laissant juste dans la loi le plafond européen de 48 heures. Pour les fonctionnaires, ce sera retour aux 39 heures.
« En cinq ans, on peut réduire de moitié le chômage », a promis François Fillon en conclusion du dernier débat de la primaire de la droite, le jeudi 24 novembre 2016, face à Alain Juppé. Un engagement qui ne figurait pas dans son programme écrit, où il avance plus prudemment l’objectif de « 7% ». Une envolée peut-être imprudente, et qui en rappelle d’autres… En 2007, un certain Nicolas Sarkozy aussi avait promis de faire passer le chômage de 10 à 5%… Quant à François Hollande, tout le monde se souvient de son fameux objectif d’inverser la courbe du chômage. Une nouvelle promesse à encadrer, donc, pour l’Histoire…
Enfin, pour s’assurer que les demandeurs d’emplois soient motivés dans leur recherche, François Fillon propose la création d’une « prestation sociale unique (…) pour que les revenus du travail soient toujours supérieurs à ceux de l’assistance ». « Assistance », c’est plus joli que le frontal « assistanat » mais l’idée est la même. En février 2015, François Fillon ne s’exclamait-il pas déjà : « Il n’est pas normal que le cumul du RSA et de l’APL aboutisse à une situation qui démotive la recherche même d’un emploi ! » Rappelons simplement que le cumul en question, pour une personne seule, représente à ce jour un total de… 754 euros.
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