Invité dimanche 27 novembre au soir pour réagir à la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, Henri Guaino, lui-même candidat à la candidature pour 2017, a sévèrement bousculé le programme thatchérien de l’ancien Premier ministre, annonçant : « Ce programme, je le combattrai avec toute mon énergie, jusqu’au bout ». Un retour de la guerre des droites des années 90, celle de la droite libérale de Balladur contre le gaullisme social de Seguin.
La guerre des fils aura bien lieu. Celle du fils prodigue contre le fils ingrat. A peine sorti vainqueur de la primaire de la droite et du centre, François Fillon doit composer avec l’héritage de son ancien mentor, Philippe Seguin, en la personne d’Henri Guaino. Invité dimanche soir sur Europe 1 pour réagir à la désignation du candidat de la droite pour la présidentielle de 2017, l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy n’a pas eu de mots assez durs contre le programme de Fillon. « Je n’ai rien contre François Fillon, je le connais depuis longtemps », commence-t-il. Des amabilités qui n’annoncent généralement rien de bon. En effet, il ajoute immédiatement :
« Ce programme, je le combattrai avec toute mon énergie, jusqu’au bout ».
Sur sa lancée, Henri Guaino poursuit sa charge : « (Cette candidature), c’est une très bonne nouvelle pour le Front national. Parce qu’avec un programme pareil, les classes populaires et les classes moyennes ne vont pas aller pour cette droite-là ». Le député des Yvelines, lui-même candidat à la candidature, hors primaire, pour 2017, ravive ici une vielle querelle de la droite. Celle de la droite Balladur contre la droite Séguin. Celle du tout libéral balladurien contre le « gaullisme social » seguiniste.
Une bataille des idées qui eu cours dans les années 1990. A cette époque, Guaino et Fillon étaient dans le même camp, celui de Philippe Seguin, jusqu’à ce que Fillon trahisse son mentor pour se mettre au service de l’adversaire en entrant en 1993 comme ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement Balladur. Seguin qualifiait les réformes de ce dernier de « Munich social ». Fillon, lui, avec cette envie de plaire au nouveau maître, les défendait âprement.
Vingt ans plus tard, Henri Guaino, resté plus ou moins fidèle à la pensée de Philippe Seguin, remue le couteau dans une plaie que l’on pensait refermée.
« Ce n’est pas ma droite. C’est une droite qui n’a aucune générosité, aucune humanité (…) », lâche-t-il au micro d’Europe 1.
Et de rappeler Fillon à ses premières fidélités : « Ma droite c’est celle du gaullisme, c’est celle de la générosité, c’est celle de la Nation unie par la solidarité ».
Et d’enfoncer la lame encore plus :
« Le programme de François Fillon, c’est une purge comme on n’en a jamais proposé depuis la Seconde Guerre mondiale ».
François Fillon, qui pensait sa route dégagée après avoir court-circuité Nicolas Sarkozy et écrasé Alain Juppé dans ce match des anciens premiers ministres, voit donc de vieux démons ressurgir. Une voix du passé qu’Henri Guaino prendra plaisir à porter tout au long de la campagne aux oreilles de l’austère et austéritaire Fillon.
La guerre des droites vient de commencer.
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