Hollande-Valls : au sommet de l'Etat, la guerre est déclarée

Entre les deux hommes, rien ne va plus. Le Premier ministre ne cache pas sa « colère » après avoir lu « Un président ne devrait pas dire ça… ». Quant à François Hollande, il accuse Manuel Valls d’avoir un comportement « inacceptable ». Maintenant, chacun joue sa carte en vue de la présidentielle. Tous les coups sont permis. Récit.

Certaines scènes marquent à jamais la vie politique française. Des moments suspendus qui écrivent le roman du pouvoir. Le 18 octobre, le palais de l’Elysée abrite l’un de ces échanges de tirs dont seule la droite a d’ordinaire le secret. A six mois de la présidentielle, un règlement de comptes entre les deux têtes de l’exécutif. En ce mardi soir d’automne, les membres de la majorité se retrouvent pour la première fois tous ensemble après la sortie du livre cataclysmique de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Voilà déjà sept jours que la parution de l’ouvrage de confidences du chef de l’Etat, Un président ne devrait pas dire ça… (Stock), fait couler des bonbonnes d’encre.

Autour du président de la République, Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis, mais également Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, Didier Guillaume et Bruno Le Roux, les responsables des groupes PS au Sénat et à l’Assemblée. Il a fallu ôter un couvert. Un convive s’est décommandé. Un homme ombrageux, d’origine sicilienne. Le quatrième personnage de l’Etat a boudé la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Blessé par les propos d’un président bien imprudent, qui a confié aux deux journalistes du Monde qu’il n’avait pas, lui, Claude Bartolone, «l’envergure» pour être Premier ministre.

Surprenant son monde, François Hollande lance l’attaque, en piqué. Il vient tout juste de parcourir la dernière livraison du Canard enchaîné. Son Premier ministre, présent à sa table, y a qualifié le livre de Davet et Lhomme de «catastrophe» et de «suicide politique». Pas besoin de sous-titres, le président a compris : le chef du gouvernement souffle sur les braises pour raviver l’incendie ! Insupportable pour le chef de l’Etat qui se démène depuis plusieurs jours pour tenter de faire oublier cet incroyable raté de communication. «Manuel, ton comportement est en tout point inacceptable», tonne-t-il. L’hôte de Matignon tente de se défausser sur ses collaborateurs : «Tu sais, les entourages…» «Ton entourage n’a qu’à arrêter d’organiser un putsch», coupe brutalement le président. La réplique fuse : «Ce n’est quand même pas nous qui avons écrit le livre !» Prenant la mesure de l’ire présidentielle, même le placide Cambadélis rebondit : «Manuel, tu vas attendre 2022, ton tour, ça te fera du bien.»

La maîtrise du temps, d’un côté, la tentation du putsch, de l’autre, et au milieu coule la colère. Voilà exposées toutes les données de l’invraisemblable crise que traverse depuis un mois le couple exécutif.

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