Que vient faire Taubira au grand rassemblement organisé par les aubrystes ce 26 novembre?

Ce samedi 26 novembre, se tiendra le « carrefour citoyen des gauches et de l’écologie » organisé par les proches de Martine Aubry. Une démonstration de force du courant aubryste. A la tribune, l’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira, prendra la parole. Dans quel but ?

Grand retour ou participation discrète ? Ce samedi 26 novembre, à Bondy, se tiendra le « carrefour citoyen des gauches et de l’écologie ». Organisé par les proches de Martine Aubry qu’on croyait pourtant rangés des camions, il y aura du beau monde pour s’afficher aux côtés de la maire de Lille. Se succéderont à la tribune et aux tables rondes Anne Hidalgo, Claude Bartolone, Olivier Dartigolles du PCF, Pascal Durand proche de Nicolas Hulot, des Hollandais ou encore le ministre du Commerce extérieur, Matthias Fekl. L’ensemble des représentants des candidats (déclarés) à la primaire de la gauche seront également présents. Et parmi le tableau de cette « gauche plurielle » éparpillée sous le quinquennat Hollande, interviendra Christiane Taubira. Une des rares prises de parole de l’ancienne Garde des sceaux, qui a claqué la porte du gouvernement en janvier.

Elle s’était fait bien discrète depuis sa sortie du gouvernement, tout en jurant « rester loyale » au président de la République. Chose promise, chose due. Elle est revenue une première fois par la petite porte en défense de François Hollande – l’une des rares – après sa charge contre les magistrats révélée dans le livre Un président ne devrait pas dire ça... Face à l’ire de l’institution judiciaire, l’ancienne ministre s’était fendue d’un message sur son compte Twitter pour calmer les esprits :

La Justice a bien assez de vrais ennemis. Le respect sans faille montré depuis 2012 fut le support de réformes de confiance.
ChT

— Christiane Taubira (@ChTaubira) 13 octobre 2016

Le même jour, dans un entretien accordé à Libération, elle estimait : « La multiplication des candidatures (à gauche) fait partie de nos problèmes. (…) Oui, on risque la disparition de la gauche au second tour de la présidentielle. ». Critique à peine voilée contre cette frénésie d’ambitions présidentielles chez ses petits camarades.

Elle sera bien pourtant bien là, à la tribune, devant tout ce que François Hollande compte de critiques à gauche. En cette période où sa famille politique, plus déboussolée que jamais, se cherche désespérément un recours pour éviter la taule annoncée pour la présidentielle de 2017, Christiane Taubira aurait-elle une idée derrière la tête ? Et ce rassemblement pourrait-il être un premier pas ?

Christiane Taubira, recours ou rempart à Hollande ?

« Notre objectif, c’est ce que veut Martine Aubry, c’est que la gauche politique et la gauche citoyenne se rassemble pour travailler sur les idées« , balaye Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine et l’un des architectes de ce rendez-vous. « Je ne connais pas les arrière-pensées des uns et des autres mais cette journée a été pensée pour montrer que sur le fond, malgré des divergences à gauche, on peut se parler et dégager des positions communes loin de cette théorie des gauches irréconciliables », souligne l’eurodéputé Gilles Pargneaux, fidèle de Martine Aubry.

L’un des participants note tout de même que la présence de l’ancienne ministre de la Justice montre bien « qu’elle ne s’est pas retirée dans sa bibliothèque en Guyane » et qu’elle fait partie des ces personnalités « qui peuvent rassembler largement à gauche« . D’autant que comme le remarque un autre député socialiste « Martine Aubry a bien fait comprendre que 2017 ce n’était pas pour elle et Hidalgo, elle, vise 2022« . De quoi laisser un boulevard à Taubira ? « Je n’y crois pas « , rétorque cet élu qui l’a longtemps côtoyée. D’ailleurs, d’après l’un des participants très au courant, « Christiane a hésité longuement avant de dire qu’elle viendrait ». Pour éviter justement que sa présence ne soit mal interprétée.

Option numéro 2, radicalement opposée : être un recours pour une éventuelle candidature de François Hollande. Toujours dans l’entretien à Libération, interrogée sur le discours que venait de prononcer le président de la République salle Wagram, elle n’avait pas assez de mots pour vanter ses mérites :

« Il a eu de très beaux mots (…) Il a prononcé un discours de président de la République qui s’est mis à la hauteur de sa fonction. Il a dit au pays que nous avons des choses extrêmement précieuses qui ne doivent pas être fragilisées, abîmées, maltraitées parce que nous traversons des épreuves. Il a dit qu’il y aura d’autres épreuves, mais que la responsabilité politique conduit à prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger les Français sans sacrifier l’essentiel. »

Démonstration de force des aubrystes

« Oui, on nous a enterrés un peu trop vite », acquiesce Jean-Marc GermainPlus que servir de tremplin à telle ou telle candidature, ce grand raout de la gauche plurielle sonne surtout comme une piqûre de rappel à tous ceux qui pensaient le courant aubryste et par la même occasion Martine Aubry hors jeu. « Ils font ce que Cambadélis n’a pas su faire jusqu’à présent. Et ça grâce au magistère de Martine Aubry », remarque avec gourmandise un solférinien. « Oui, on nous a enterrés un peu trop vite », acquiesce dans un sourire Jean-Marc Germain. Ainsi, Gilles Pargneaux, au détour d’une phrase, lâche : 

« Nous avons besoin à gauche de débats sur fond, d’échanges et de se rassembler. C’est ce que tente La Belle Alliance populaire (cadre de rencontres lancé par Jean-Christophe Cambadélis), mais on ne peut pas dire que ça marche très fort… ».

Tout le contraire d’une Martine Aubry « qui n’a aucune difficulté à rassembler la gauche autour d’elle », se félicite un de ses anciens adeptes.

Une démonstration de force nécessaire pour ressouder les rangs. Avec le mouvement des frondeurs, puis le Congrès de Poitiers où la maire de Lille a fait le choix de se mettre dans la roue de la majorité pro-Hollande, le courant aubryste se portait mal. Un observateur expliquait il y a encore quelques semaines : « Les gens proches de Martine Aubry savent que depuis le Congrès de Poitiers, elle ne s’impliquera plus. Elle le dit elle même qu’elle ne briguera plus rien. Et quand on veut imposer des idées, il faut une incarnation. C’est la faiblesse du mouvement Aubryste. Résultat, il y a une fuite des aubrystes chez Macron, d’autres voit d’un bon œil le mouvement Movida lancé par Matthias Fekl. Ils se cherchent une nouvelle famille de pensée et de solidarité. »

Cette journée va permettre de remobiliser tout ce petit monde. Car si de plus en plus au PS, on fait déjà une croix sur la présidentielle, derrière, beaucoup pensent déjà aux législatives. Moment où l’entregent d’une certaine Martine Aubry pourrait s’avérer fort utile. 

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