A la Fnac, Emmanuel Macron dédicace son essai dans le bruit et la fureur de la CGT

Emmanuel Macron dédicaçait ce jeudi 24 novembre son livre Révolution dans une Fnac parisienne. Un évènement qui a suscité la ferveur de ses fans et la fureur de la CGT, venue manifester en opposition au candidat à la présidentielle.

A la Fnac des Ternes (Paris 17ème), Emmanuel Macron suscite toutes les passions, ce jeudi 24 novembre. Un engouement puissant, d’abord. Pas moins de trois-cents personnes se sont entassées dans la petite zone située au premier étage du magasin où le fondateur d’En Marche doit dédicacer son premier essai, Révolution, sorti le jour même, à 15 heures 30. Des très jeunes, des très vieux, des cadres dynamiques en costard et des femmes d’âge mûr au brushing soigné : le fan de Macron a plusieurs facettes. Selon nos informations, deux agents du renseignement sont également présents incognito, pour superviser l’évènement. On croise même le député PRG Alain Tourret, qui attend son tour dans un total anonymat. « Avec ça, toutes les femmes vont voter pour lui« , rigole le parlementaire en visant la quatrième de couverture du livre où le visage de l’ex-ministre aux dents du bonheur apparaît en très gros plan.

Mais le candidat à la présidentielle provoque aussi la fureur des syndicats. Au moment où Emmanuel Macron doit commencer sa dédicace, une vingtaine de militants CGT débarque avec une grande banderole en opposition à la venue de l’apprenti essayiste. « Macron, démission« , tonnent les syndicalistes, oubliant volontairement que l’énarque n’est plus membre du gouvernement depuis août dernier. « On est contre la loi Macron, qui prévoit qu’on travaille le dimanche et la nuit sans compensation« , explique Boris Lacharme, le délégué CGT de la FNAC, en tendant des tracts aux journalistes. « Macron et nous, c’est classe contre classe« , nous affirme Robert Piot, 64 ans, un pilier de la CGT chômeurs, venu soutenir ses camarades. « Révolution prolétarienne », commencent à vociférer les militants… alors qu’Emmanuel Macron vient de faire irruption dans le magasin sous le crépitement des appareils photos, pour signer son propre Révolution.

« Ils sont très discourtois avec des gens qui font la queue »

Alors que le fondateur d’En Marche commence sa dédicace, sourire bright et l’air de rien, les militants poursuivent leur manifestation, aux cris de « Macron, dégage« , « Le dimanche et la nuit, ça suffit« , voire… « Hollande président« . Entre les deux cortèges, une trentaine de colosses de la sécurité et les journalistes, enfermés dans cette zone tampon, qui ne savent plus où donner de la tête.« On est parqués comme du bétail alors que la CGT fait ce qu’elle veut, c’est injuste« , maugrée une reporter radio.

Entre deux selfies et un cliché raté avec un bébé en pleurs, Emmanuel Macron fait savoir qu’il n’ira pas discuter avec les syndicalistes. « Ils sont très discourtois avec des gens qui font la queue depuis une heure, se plaint-il dans le vacarme provoqué par les cris et les sifflets de la CGT. Donc je ne vais pas parler. Je suis allé au contact à chaque fois, mais là ce sont des gens qui font de la politique, pas du syndicalisme. » Colline, une étudiante en économie de 18 ans qui vient d’obtenir sa dédicace après trois-quarts d’heure d’attente, trouve « pitoyable » la manifestation syndicale. « S’ils étaient vraiment engagés, ils auraient autre chose à faire« , cingle la jeune fille, qui rêve de faire venir l’ex-ministre dans son université, Paris-Dauphine.

« Affectueusement »

Parmi les fans d’Emmanuel Macron, de nombreux adhérents d’En Marche, venus parfois avec leur t-shirt gris de militants, et aussi des retaitées, comme cette femme aux cheveux décolorés, arivée avec trois livres sous le bras. « C’est pour convaincre la famille« , explique-t-elle avant de regretter la présence de ces syndicalistes qui « sont contre tout, et même contre le travail. » A cette retraitée, comme à plusieurs militants d’En Marche, Emmanuel Macron a écrit cette dédicace : « Merci pour ton engagement, affectueusement« . Julien, un jeune étudiant, en est tout retourné : « Arrêtez, ça m’émeut« , confie-t-il quand on lit la dédicace par-dessus son épaule.

A 16h59, les militants CGT stoppent brusquement leur activité : ils n’ont pas déposé de préavis de grève au-delà. « Ce n’est qu’un au revoir, Macron !« , hurlent les manifestants avant de s’éclipser. De l’autre côté du magasin, d’autres personnes aimeraient dire bonjour à Emmanuel Macron. Mais, arrivés trop tard, ils sont bloqués devant la queue par les malabars de la sécurité. Cyril, 42 ans, salarié dans le secteur pétrolier et ancien militant MJS, a décidé d’attendre, un livre à la main. « Ça va peut-être s’ouvrir, on ne sait jamais, tente-t-il. Lui pointe « la sur-protection des gens en CDI » et soutient Macron car « il est progressiste sur les questions sociales et les questions sociétales. » Non loin de lui se tient Anne, une secrétaire de 37 ans qui n’a « pas le temps de lire » mais a fait le déplacement car elle « trouve Macron pas mal« . La jeune femme est incollable sur la relation entre l’ex-ministre et sa femme, Brigitte Trogneux. « Il l’a rencontré à 17 ans, ils se sont mariés en 2007, elle est là ?« , débite-t-elle, les yeux brillants.

« Nous, on paye l’ISF ! »

Quelques clients de la Fnac, attirés par l’attroupement, se rapprochent. « C’est un écrivain ?« , demande un adolescent à sa mère. « Ah non, c’est Macron, faut pas aller le voir, celui-là« , lui répond-elle après avoir jeté un oeil. Pourquoi ? « Il s’est arrangé pour ne pas payer l’ISF quand il était ministre. Nous, on le paye !« , s’indigne cette femme aux cheveux blonds ébourriffés, avant de tourner les talons. Badauds, détracteurs ou supporters transis : Emmanuel Macron ne laisse décidément personne indifférent.

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