La danse du centre

La cour. Septième épisode d’une peinture d’un régime qui file.

«Au secours, la droite revient !» Tel fut en substance le cri d’effroi poussé par le duc de Bordeaux après l’annonce de la bataille remportée par le sourcilleux vidame de Chartres qui mit en déroute ses troupes et les mercenaires du prince du cap Nègre. On vit ce dernier repartir aussitôt sous les épluchures de pommes de terre dans un fiacre brimbalant avec son épouse, descendante de Concino Concini. «Au secours, la droite revient !» reprirent en chœur les éditorialistes qui avaient prédit que l’élection du duc allait être une promenade de santé dans l’orangeraie du pouvoir. Personne ne leur tint rigueur de cette bévue puisque cette confrérie des impuissants – faut-il le rappeler ? – avait déjà prédit dans le passé la victoire de Raymond Barre, de Jacques Delors ou d’Edouard Balladur. Une erreur de plus, quelle importance ? Ce qui fut plus surprenant était la surprise de l’impétrant, apparu blanc comme la nappe pour célébrer la Sainte Cène avant qu’il ne décide de retourner ferrailler dans un vain combat tel le père de Rodrigue.

«Au secours, la droite revient !» était un slogan creux qui, en 1986, avait eu pour but précisément d’empêcher le retour au pouvoir d’un certain Alain Juppé et de ses amis politiques et qui eut pour effet de précipiter l’arrivée de l’Etat RPR pour appliquer à la lettre la médecine du Dr Reagan qui, à l’époque, ne passait pas pour un parangon du gaullisme social. Mais après tout, autres temps, autres mœurs, le duc de Bordeaux a décidé actuellement de jeter son ultralibéralisme par-dessus les moulins, d’oublier le programme du parti chiraquien sur l’immigration, de jeter un voile pudique sur la manière dont les «juppettes», ses «femmes ministres», furent (pas) proprement débarquées et de remonter sur sa Rossinante et de transformer le TSS (tout sauf Sarkozy) en TSF (tout sauf Fillon) en une semaine, messe comprise, sonnant le tocsin dans toutes les chapelles de la gauche cultureuse et de gouvernement et du centre. Ah, ce centre ! Cette dernière terre électorale était labourée plus que de raison.

Jamais le royaume n’avait été aussi à droite depuis les élections à la Chambre en 1968. Jamais on n’avait vu la bipolarisation s’affirmer avec autant de force. Mais jamais on n’avait vu autant de monde se bousculer pour se trouver au centre de l’échiquier politique.

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