Primaire à droite : pour Wauquiez, ça sent le roussi…

L’ambitieux président intérimaire de Les Républicains s’était mis dans la roue de Nicolas Sarkozy pour la primaire. Il n’a pas tardé à se précipiter chez François Fillon après la défaite. Mais cela ne suffira peut-être pas à sauver le brillant avenir qu’il s’imaginait à la tête du parti de droite…

Lyon, mardi 22 novembre. François Fillon vient à peine de terminer son premier meeting de l’entre-deux tours de la primaire à droite que Laurent Wauquiez se précipite sur scène et joue des coudes pour apparaître juste à côté de lui, pendant que la salle entonne la Marseillaise. C’est curieux, parce que quelques semaines plus tôt, c’est plutôt aux côtés de Nicolas Sarkozy que le même Wauquiez se pressait. Au point d’intervenir en première partie de plusieurs de ses meetings de campagne pour galvaniser les groupies sarkozystes…

Le ci-devant président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et député de la Haute-Loire ne manque jamais de ressources lorsqu’il s’agit de rebondir. Il faut dire qu’en ce moment, il en a besoin : la tournure inattendue prise par la primaire a de quoi lui donner des sueurs froides… Car en plus de ses mandats cumulés, Laurent Wauquiez remplace depuis la fin août Nicolas Sarkozy à la tête du parti Les Républicains, dont il est le président par intérim – même si la mention « par intérim » n’est bizarrement jamais apparue dans la signature de ses communiqués. Un poste sur lequel il comptait pour devenir un leader incontournable de la droite en vue de la présidentielle de 2022, l’échéance qu’il a gravée sur ses tablettes. Le schéma était simple. En cas de victoire de Nicolas Sarkozy à la primaire, celui-ci lui renvoyait l’ascenseur en le confirmant aux manettes du parti. Et même dans la perspective d’un succès d’Alain Juppé, Laurent Wauquiez faisait mine de ne pas s’inquiéter, sous-entendant en petit comité que le maire de Bordeaux aurait besoin de son profil droitier pour rééquilibrer sa ligne modérée.

Un néo-filloniste très zélé…

Sauf que la déferlante François Fillon a tout chamboulé. C’est en effet le vainqueur du scrutin qui désignera la nouvelle direction du parti. Or, depuis dimanche soir, la cote de Wauquiez s’est effondrée sur le marché. « Je pense que Wauquiez va dégager », pronostiquait un membre du staff sarkozyste dès le lendemain du premier tour. « Lui confier les clés du parti alors qu’il a fait la campagne de Sarko, non merci ! », se récrie un député LR, qui résume le sentiment général : le parti était censé rester neutre pendant la primaire, mais son président par intérim ne l’a pas du tout été. « Quand il est venu dans mon département, il a cité Nicolas Sarkozy dix fois ! » se récriait récemment un sénateur pro-Juppé. Autre motif d’inquiétude pour Wauquiez : s’il remporte la primaire, François Fillon n’aura guère besoin de donner des gages de droitisation en faisant de lui une pièce-clé de son dispositif pour la présidentielle. « Il n’a aucune plus-value », assène un employé de LR.

Malgré son mauvais calcul, Laurent Wauquiez n’a renoncé à rien. « Je ne veux pas entrer au gouvernement en 2017 », a-t-il juré mardi lors du meeting de François Fillon – manière de faire comprendre qu’il est toujours candidat pour conserver les commandes du parti. Premier à venir frapper à la porte de l’ex-Premier ministre au lendemain de l’élimination de Sarkozy, il se fait désormais l’un des ses plus zélés défenseurs, allant jusqu’à accuser ce jeudi le camp Juppé d’avoir « franchi la ligne rouge » par des « caricatures inacceptables ». L’ambition donne des ailes…

 

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