À quelques heures du débat de l’entre-deux tours de ce jeudi 24 novembre, 215 parlementaires Les Républicains signent une tribune sur le site du Figaro pour appeler à un retour au calme. Leur cible : Alain Juppé.
« Hé là, du calme ! » Voilà en substance le message lancé ce jeudi 24 novembre par 215 parlementaires Les Républicains à François Fillon et Alain Juppé. Dans une tribune parue ce matin sur le site du Figaro, ils invitent les deux impétrants à « élever le débat » et à éviter de « s’infliger d’inutiles blessures ». Emmenés notamment par Bruno Retailleau et Christian Jacob, présidents du groupe LR au Sénat et à l’Assemblée nationale, ils espèrent ainsi que le débat de l’entre-deux tours qui se tiendra ce soir ne virera pas au pugilat télévisuel. Une déclaration publique qui pourrait passer pour une adresse aux deux candidats… mais qui n’en vise qu’un seul, Alain Juppé.
Depuis le soir du premier tour de la primaire qui a porté triomphalement François Fillon en tête des suffrages (44% des voix), Alain Juppé ne retient plus ses coups. Jusque-là, le maire de Bordeaux avait mené une campagne tout en retenue. Sur la base de sondages flatteurs, il s’appliquait à maintenir son image de vieux sage qui ne verse pas dans l’outrance. Confronté à la réalité électorale, Juppé veut se montrer plus offensif. Depuis lundi, il condamne un François Fillon « pas assez rassembleur » et un projet économique « irréalisable ». Il affirme que vision de la société est « extrêmement traditionaliste, pour ne pas dire un petit peu rétrograde ». Il ira même jusqu’à lui demander de « clarifier sa position sur l’avortement ».
La soudaine virulence du maire de Bordeaux n’a pas échappé aux parlementaires de droite, lesquels souhaitent aujourd’hui réfréner ses ardeurs. Ils lui demandent ainsi de ne pas « verser dans la caricature la plus absurde » en demandant :
« Est-ce «ultralibéral» que de vouloir faire passer la dépense publique de 57 à 50 % du PIB comme le propose François Fillon ? Est-ce «brutal» que de vouloir augmenter le temps de travail dans la fonction publique en échange d’une négociation salariale et de meilleures perspectives de carrière ? Est-ce «réactionnaire» que de rappeler qu’un enfant a le droit de connaître son père et sa mère comme l’affirme la convention des Nations unies sur les droits de l’enfant ?«
Des questions évidemment rhétoriques.
Mais les 215 parlementaires Les Républicains vont plus loin. Sans jamais le nommer directement, ils accusent Alain Juppé d’avoir perdu pied depuis les résultats du premier tour.
« En se glissant dans les habits sémantiques de la gauche, ceux qui caricaturent François Fillon (…) aggravent le malheur de la France. Ils renforcent cette incapacité à mettre les mots justes sur les maux dont souffre notre pays, tout en collant des mots injustes sur ceux qui les dénoncent. Nous ne céderons pas à cette facilité qui au mieux traduit une certaine fébrilité, au pire une volonté de ne rien changer. »
Et même parmi les soutiens de l’ancien ministre des Affaires étrangères, certains doutent de cette nouvelle stratégie offensive. « Je regrette qu’il soit parti dans le dénigrement, soupire un de ses compagnons de route. C’est une connerie, il nous a mis en porte-à-faux. »
Invité hier soir au 20h de TF1, le maire le Bordeaux est revenu sur cette stratégie. « Il ne faut pas avoir l’épiderme trop sensible et jouer les chochottes, lance-t-il. Pendant toute la campagne du premier tour, j’ai été accusé d’être trop mou. Aujourd’hui, je dis que Fillon est trop dur. » Et le candidat d’illustrer son propos en pointant du doigt le supposé conservatisme de son adversaire. « Pour moi, le droit à l’avortement est un droit fondamental. Pas pour lui. » Un peu plus loin, il ajoute : « Je préfère avoir le soutien du MoDem que d’avoir le soutien de personnalités qui ont appartenu au FN ou qui sont à l’extrême-droite. » Une petite musique souvent entendue ces derniers jours…
De son côté, François Fillon profite de cette agitation. Durant un meeting donné à Lyon mardi dernier, il n’a pas hésité à moquer les attaques de Juppé en les mettant sur le compte de sa frilosité. « Ça me fait sourire lorsqu’on me colle l’étiquette de libéral comme lorsque, au Moyen-Âge, on peignait des croix sur les portes des lépreux. Je trouve singulièrement piquant qu’on m’accuse d’être droit dans mes bottes ! » Il peut d’autant plus sourire qu’un sondage Ifop d’entre-deux tour le donne largement gagnant ce dimanche, avec 65% des voix.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments