Depuis des années, l’humoriste Jamel Debbouze copine avec le souverain du Maroc, Mohammed VI, et s’interdit toute critique du pouvoir. Une servilité qui s’inscrit dans la stratégie diplomatique du palais, passé maître dans la récupération des talents marocains à l’étranger.
Jamel Debbouze, ou l’histoire d’un paradoxe. Côté France, un trublion des banlieues, toujours prompt à dénoncer les inégalités sociales et la cécité des puissants, sauf ceux, évidemment, qui mettent des billes dans ses différents business. Côté Maroc, un familier du palais royal, invité à la table du souverain comme le VIP politico-clownesque qu’il est devenu.
Les monarques, c’est connu, ont toujours eu leur bouffon. Pour les divertir et les alerter, l’air de rien, sur les travers du pouvoir absolu. Avec Jamel, qui n’a pas souhaité répondre aux questions de Marianne, la relation est à sens unique. Où est la satire derrière le sourire ? Quid de la corruption, de l’affairisme, des entorses aux droits de l’homme et de la presse qui continuent, après une embellie au début des années 2000, de miner la société marocaine ? Sur ces sujets, celui qui se targue d’avoir un «haut-parleur» à sa disposition reste désespérément silencieux. Mais il tourne à plein régime quand on allume «Radio Courtisanerie»…
Exemple : le Marrakech du rire. Produit par Deb Jam, l’une des nombreuses sociétés de Debbouze, ce barnum de la vanne assure une belle exposition aux protégés de l’humoriste – le spectacle phare est diffusé en direct sur M6. Dommage qu’on ne puisse pas y rire de tout. «Quand je m’y suis produit pour la première fois, les cinq premiers rangs étaient occupés par des officiels, raconte un ancien du Jamel Comedy Club. Rien n’est tabou, sauf le roi. Pas question de plaisanter sur lui.»
>> Dans une interview filmée accordée à l’hebdomadaire ‘Tel Quel’ en juin 2015, passée sous les radars, le créateur du Jamel Comedy Club se fend d’un panégyrique de Mohammed VI digne de ceux de Bossuet à l’endroit de Louis XIV :
Du pain bénit pour Mohammed VI : flanqué d’un Debbouze qui ne manque jamais une occasion de chanter ses louanges, le potentat marocain peaufine son image de chef d’Etat tolérant et ouvert aux aspirations de son peuple.
(…)
>>> Retrouvez l’intégralité de cette enquête dans le numéro de Marianne en kiosques
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