Tout aura été dit, depuis que des affiches devenues fameuses de prévention du VIH chez les homosexuels ont débarqué dans nos rue, afin de justifier leur retrait, voire leur dégradation, sous d’autres prétextes que celui réellement en jeu…
Protection des enfants (sic), refus de la promotion de l’adultère (sic sic) ou au contraire de la stigmatisation des homosexuels (sic sic sic)… Tout aura été dit, depuis que des affiches devenues fameuses de prévention du VIH chez les homosexuels ont débarqué dans nos rue, afin de justifier leur retrait, voire leur dégradation, sous d’autres prétextes que celui réellement en jeu.
On peut critiquer le fait de ne cibler que la communauté homosexuelle. Des garçons concernés se sont écrié, de bonne foi : « Mais pourquoi est-ce qu’on n’associe encore le VIH qu’à la communauté gay ?! Les gens vont faire l’amalgame et croire qu’il n’y a que nous qui sommes touchés ». Effectivement, dans une campagne avec plusieurs visuels, on aurait pu intégrer quelques couples hétéros, histoire que tout le monde se sente concerné. Mais cela faisait près de 15 ans qu’une campagne grand public de prévention du VIH n’avait pas ciblé la communauté gay, nous rappelle un journaliste spécialiste du sujet. L’injustice est là : première victime de la pandémie, la communauté gay est généralement tenue à l’écart des campagnes à grande échelle.
On peut critiquer les messages véhiculés par cette campagne. Mais enfin, que disent-ils ? Que la sexualité, des homos comme des hétéros d’ailleurs, n’est pas forcément figée dans le cadre d’un couple stable, destiné à se marier et à perpétuer l’espèce. Que oui, dans la réalité, on peut baiser avec son/sa pote ou avec un(e) inconnu(e), on peut coucher le premier soir et que celui-ci soit le prélude à une histoire d’amour ou pas, simplement pour un « plan cul ». La belle affaire ! Les générations d’aujourd’hui, branchées sur Tinder et Grindr, savent déjà tout cela : elles le vivent au quotidien. L’intelligence de cette campagne, c’est justement de nous parler de la réalité, sans essayer de la tordre de peur de choquer les bonnes gens rangées des voitures.
On peut critiquer, encore, les fondements intellectuels de cette campagne. Gloser sur l’idéologie libertaire qui la sous-tendrait, gauchiste, bobo, déconnectée, provocatrice. Accuser le messager d’avoir fait preuve de maladresse en ignorant celui qui déchire l’affiche, et qui lui fait preuve de haine.
On peut aussi ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, en n’oubliant pas l’essentiel. Le sujet de cette campagne, c’est de s’adresser aux jeunes homos d’aujourd’hui, en leur parlant de leur vie et des différents moyens de prévention qui leur permettent justement de la vivre comme cela leur chante tout en la préservant. Ni plus, ni moins. Comme cela a déjà été fait dans de nombreuses campagnes destinées aux hétéros. Quand l’INPES promeut le dépistage, voici les mots qu’il affiche en grand : « désir, aventure, passion, plaisir, sexe, émotions, amour, partage, tendresse ». Tout y est déjà, le cul et l’amour, les sentiments et le stupre. Nul n’y trouve rien à redire. Quand la mairie de Paris s’y colle, elle met en scène Marie et Rémi, nus, de dos. Personne ne bronche.
Dans cette campagne, le message n’est pas nouveau. Cela fait des années que les associations et organismes luttant contre le Sida essaient de s’ancrer au maximum dans la réalité vécue, seul moyen de rendre la prévention concrète et efficace. Les visuels de couples non plus, ne sont pas nouveaux. Ce qui est nouveau ici, à cette échelle, c’est l’association des deux : le cul et la mise en scène du couple gay. Deux hommes sont sur le point de s’embrasser, et de baiser. « En effet, les visuels choisis pour cette campagne grand public sont tout à fait inadaptés », pointe sans se cacher Philippe Brillault, Maire du Chesnay, dans une lettre envoyée à JC Decaux pour exiger le retrait des affiches.
On repense à Nicolas Sarkozy (paix à sa carrière politique), qui répétait à longueur de meetings ce qui le gênait dans le débat sur le mariage pour tous : « Jamais je n’aurais pu imaginer qu’on parle autant de la vie sexuelle dans le débat politique ». Comme si parler du mariage de Marie et Rémi était parler de leur sexualité…
Ce qui gênait Nicolas Sarkozy dans le mariage pour tous, c’était sa spécificité homo. Ce qui gêne aujourd’hui dans ces affiches, c’est leur spécificité homo. Mais quand on est gêné par la spécificité homo, on n’est pas un défenseur des enfants, un catholique bon teint, un père la morale ni même un réac. On est homophobe, littéralement. La plus grosse erreur à faire, dans cette histoire, c’est, en s’interrogeant à tout-va sur le bien-fondé de cette campagne et sur les torts éventuels de ses auteurs, de tomber dans le piège de ces pseudo-vigies qui ne font que déguiser leur rejet systématique de l’homosexualité.
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