Polémique affiches prévention-VIH : ces gauchistes libertaires qui font le jeu des homophobes

Si on peut féliciter le gouvernement d’avoir lancé une campagne de prévention du VIH, encore faut-il avoir un message simple, clair, et qui ne produise pas le contraire de l’effet escompté, surtout quand on sait que les homophobes patentés, assumés, et décomplexés sont toujours prêts à dégainer.

Qu’il soit opportun de lancer une campagne de prévention du VIH-Sida, nul n’en disconviendra. Que le gouvernement, à l’origine de l’initiative, ait choisi de cibler les homosexuels, qui constituent les premières victimes, pourquoi pas, d’autant que les progrès des traitements médicamenteux ont pu laisser croire à certains que le Sida n’était pas plus grave qu’une grippe. Qu’on appuie cette campagne par des affiches géantes, c’est logique, vu que la prévention clandestine est rarement efficace.

Encore faut-il avoir un message simple, clair, et qui ne produise pas le contraire de l’effet escompté, surtout quand on sait que les homophobes patentés, assumés, et décomplexés sont toujours prêts à dégainer. De ce point de vue, le résultat est un bide total et ses conséquences sont dévastatrices, au point que l’on peut se demander si ce n’était pas le but recherché.

Les Associations familiales catholiques ont crié au scandale. Deux villes, Angers (Maine-et-Loire) et Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont annoncé le retrait des affiches incriminées. Ici et là, certaines ont été lacérées ou biffées de propos ouvertement homophobes. Le journal L’Union , dans son édition de Chalons-en-campagne, a décidé de reproduire les commentaires anti-gays de certains de ses lecteurs. En riposte, la ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé qu’elle allait saisir la justice après la « censure » des affiches et a dénoncé « l’homophobie » ambiante, non sans raison.

La question est de savoir si l’on n’aurait pas pu éviter d’en arriver là avec un message un tantinet plus équilibré. En l’occurrence, on ne pense pas au visuel, où l’on voit des hommes s’enlacer dans un mouvement annonçant un futur baiser. Rien que de très banal et il faut avoir l’esprit taraudé par de sacrés préjugés pour trouver à y redire. Les maires qui ont décidé de mettre les affiches à la poubelle jugent que tel n’est pas leur cas. On voudrait les croire sur parole. Mais le doute demeure.

Ce sont les mots utilisés pour faire passer le message de prévention qui résonnent d’étrange manière. On y parle de « Coup de foudre, coup d’essai, coup d’un soir ». La dernière formule atteste d’un sens de la poésie sexuelle (on ne parlera pas d’amour) fort contestable. On lit également : « Avec un amant, avec un ami, avec un inconnu », comme si le passage à l’acte érotique s’apparentait au geste du client qui choisit une botte de carottes dans un hypermarché bien monté.

On comprend que cela puisse troubler des esprits découvrant la chose sans en connaître les codesBref, c’est lourd et un poil grossier. On comprend que cela puisse troubler des esprits découvrant la chose sans en connaître les codes. On sait que l’image de la sexualité véhiculée par internet n’est pas forcément le meilleur moyen d’en apprécier le charme secret. Dans ces conditions, il n’était pas forcément nécessaire d’en rajouter.

Comment a-t-on pu en arriver là ? La réponse est simple. Il s’agit d’un message conçu par les adeptes du gauchisme libertaire en vogue chez les bobos urbains. Ces esprits dits émancipés, qui voient le monde à leur image, ont réalisé une véritable OPA sur les milieux du journalisme et de la communication (au point de confondre les deux). Ils considèrent tous ceux qui ne sont pas acquis à leurs préceptes en matière de moeurs comme une peuplade en voie de disparition composée de cerveaux archaïques, de ringards et de beaufs qu’il faut redresser à coups de schlague intellectuelle.

Comme au moment du mariage gay, ou des débats sur la GPA et la PMA, les adeptes de la surenchère permanente et les petits Cohn-Bendit de la provoc ont l’art de susciter au mieux de l’incompréhension, au pire de la réaction (dans tous le sens du terme), à la grande joie des traditionnalistes qui ramassent les votes pro-Fillon. Moralité : pour se refaire une virginité, les conservateurs de tout poil peuvent compter sur leurs idiots utiles de la famille libertaire, toujours prêts à tomber dans le premier piège tendu.

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