Les ados britanniques boivent une baignoire de soda par an

Une étude publiée ce mardi 22 novembre montre le penchant déraisonnable des jeunes Britanniques pour les boissons sucrées. Et comme par hasard, le nombre de cas d’obésité ne cesse de croître au Royaume-Uni… Pour enrayer ce phénomène, une solution semble plébiscitée : taxer fortement les sodas.

Gare à l’indigestion. Selon une étude publiée ce mardi 22 novembre par Cancer Research, les adolescents britanniques consomment en moyenne l’équivalent d’une baignoire de soda chaque année ! Dans son rapport, l’organisation pointe du doigt la politique de lutte contre l’obésité mise en place par Theresa May et son gouvernement, qu’elle estime ne pas être adaptée à la gravité de la situation. Cette étude survient deux jours après que The Telegraph a rendu public un rapport présenté lors du Congrès international de la santé publique, lequel indique que les adolescents britanniques comptent parmi les moins actifs du monde.

Dans le détail, et en s’appuyant sur une vaste enquête gouvernementale, Cancer Research avance des chiffres impressionnants. Chez les adolescents âgés de 11 à 18 ans, la consommation de boissons sucrées s’élève en moyenne à 234 cannettes par an. Cette seule donnée implique que les jeunes Anglais absorbent une quantité de sucre trois fois supérieure à la quantité recommandée par l’OMS. Chez les jeunes de 4 à 10 ans, cette consommation représente environ 110 cannettes par an, tandis que pour les enfants âgés de 18 mois à 3 ans, elle équivaut à 70 cannettes.

Taxer les sodas : la recette miracle ?

Pour Alison Cox, la directrice du pôle prévention de Cancer Research, ces chiffres sont « choquants ». « Le Royaume-Uni a une épidémie sur les bras, et doit agir rapidement. Le gouvernement doit faire plus pour offrir de meilleures perspectives à la prochaine génération. » Pour ce faire, Alison Cox propose d’interdire les spots publicitaires consacrés à la malbouffe durant les heures de grande écoute. Mais surtout, elle estime que l’instauration d’une taxe sur les boissons sucrées pourrait avoir un effet très positif. « Pour mettre un terme à cette situation, une taxe sur le sucre jouera un rôle crucial pour tempérer le comportement des consommateurs. L’effet d’entraînement provoqué par une petite taxe sur les boissons sucrées serait énorme, et il inciterait les producteurs de boissons gazeuses à réduire la quantité de sucre dans leurs sodas. »

En mars dernier, le gouvernement conservateur avait annoncé vouloir introduire dans les deux ans un impôt de ce type. Une première taxe a été insérée dans un projet législatif de lutte contre l’obésité qui, dans sa globalité, est jugé très insuffisant par de nombreux professionnels de santé. Un projet très éloigné des préconisations de Cancer Research, qui estime qu’il faudrait taxer chaque litre de soda à hauteur de 20 centimes pour éviter 3,7 millions de cas d’obésité au cours des dix prochaines années.

A ce jour, les pays ayant instauré une taxe sur les boissons sucrées non-alcoolisées sont assez rares. La France en fait partie : fin 2011, le gouvernement avait ainsi inscrit dans la loi de finances 2012 une taxe sur les sodas. Présentée comme une mesure de santé publique, cette taxe n’avait en réalité pour objectif que de faire rentrer facilement de l’argent dans les caisses de l’Etat. C’est en tout cas ce qu’avait confié François Baroin, le ministre du Budget de l’époque, durant un reportage diffusé en novembre 2013 sur France 3 :

Aujourd’hui, cette mesure pourrait bien être renforcée avec la loi de finances 2017. En juin dernier, un rapport parlementaire déposé par les députés Véronique Louwagie et Razzy Hammadi encourageait à augmenter la taxe sur les sodas afin de baisser la TVA sur certains produits de consommation courante. Une idée qui a fait son chemin puisque la commission des finances a intégré le 10 novembre dernier une hausse fiscale dans le projet de loi de finances 2017 : la taxe passerait ainsi de 7,53€ par hectolitre de soda à 9€. Pareille augmentation correspondrait à une hausse de 0,005€ par cannette de 33 cl, et de 0,015€ par bouteille de 1 litre. On aura donc peine à croire que cela pourrait inciter les consommateurs à boire moins de soda…

« Compte tenu de la faiblesse de cette augmentation, il est très probable que les entreprises ne la répercuteront pas ou seulement très partiellement, confirment les auteurs de l’amendement. L’impact sur les prix sera imperceptible pour les consommateurs. » Comme en 2012, cette mesure est donc étrangère à toute considération de santé publique puisqu’elle n’a vocation qu’à « augmenter d’environ 80 millions d’euros le budget de la sécurité sociale ». Notons qu’à ce stade, rien ne dit de toute façon que cette mesure sera adoptée : l’année dernière, la taxe avait déjà été retenue en commission mais n’avait pas été validée lors du vote définitif à l’Assemblée nationale.

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