Nicolas Sarkozy assiste à son enterrement politique

Silence glacial et larmes de ses soutiens ont accompagné l’élimination de Nicolas Sarkozy de cette primaire. Reportage.

Il nous promettait des surprises. Ils nous promettait de faire mentir les sondages, les commentateurs, la « pensée unique » et le « système« . Il nous promettait de tout rafler, et il n’a finalement rien eu. Ou si peu… Soirée d’horreur pour Nicolas Sarkozy, si longtemps persuadé d’être en tête au premier tour de cette primaire, et finalement sèchement éliminé par un électorat qui l’avait, dix ans plus tôt, mené à l’Elysée. Pour l’ancien président, la claque est d’ampleur et les yeux rougis de son équipe en attestent. 

Lorsqu’il pénètre dans la salle de presse de son QG un peu après 22 heures, l’ancien chef de l’Etat garde un sourire de façade. Dans un discours d’une rare dignité, Nicolas Sarkozy promet de s’adonner désormais à des « passions privées » plutôt qu’à la chose publique. Il ne prononce pas le mot « retraite » mais c’est tout comme. « C’est pas facile« , reconnaît Nicolas Sarkozy, tandis qu’à ses côtés, sa femme baisse la tête et laisse couler une larme. Plus loin, la maire du 17e arrondissement Brigitte Kuster peine à réprimer ses sanglots: dans les silences ou dans les larmes, chacun sait qu’on assiste là à l’enterrement d’une carrière politique comme la France en a peu connues. 

« J’ai beaucoup d’estime pour Alain Juppé mais les choix politiques de François Fillon me sont plus proches« , déclare Nicolas Sarkozy, ravalant toute la fierté de l’ancien président qui qualifiait il y a quelques années son Premier ministre de « collaborateur« . Sarkozy votera donc Fillon et demande à ses électeurs de « ne jamais emprunter la voie des extrêmes »: comme en 2012 à la salle de la Mutualité, Nicolas Sarkozy se révèle plus inspiré dans la défaite que dans la victoire. 

Des sarkozistes mutiques

Applaudissements nourris des militants alors que Nicolas Sarkzoy quitte son siège de campagne. Jusque alors, le lieu était plongé dans un silence glacial. Arrivé, sous la pluie, à 19h30 à son QG de campagne, Nicolas Sarkozy affichait déjà une mine peu réjouie. L’ancien président a alors vu les premiers sondages de sortie des urnes qui le donnent, dès la fin d’après-midi, largement distancé par François Fillon et Alain Juppé. Il monte immédiatement au dernier étage du siège, accueillant tour à tour les élus de son équipe, tous plus mutiques. Les sarkozistes sont bavards par nature ? Ce soir, pas de déclarations, ni en « on », ni en « off ». Ce soir, les sarkozistes ne décrochent pas leur téléphone et ne répondent pas non plus aux SMS…

Pour les lieutenants de l’ancien président, l’heure n’est pas à la remise en cause d’une stratégie menée tambours battants depuis deux ans, après avoir pris la tête de l’UMP en novembre 2014: « nous avons fait la campagne qu’il fallait faire, mais on avait l’arbitre contre nous, trois boulets au pied et le vent de face« , explique un de ses conseillers, l’un des rares à discuter avec les journalistes au QG de campagne. Cette fois-ci, Nicolas Sarkozy n’a attaqué personne. Habituel pourfendeur de la presse, le candidat défait a même remercié ce soir les journalistes qui ont suivi sa campagne… Nicolas Sarkozy aurait-il changé ?

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