Trump : la stratégie du tout et son contraire

Gouvernement modéré ou confirmation d’une ligne droitière, le nouveau président américain entretient toutes les ambiguïtés autour de sa future équipe.

Recentré ou déporté vers la droite de la droite ? Après avoir pris à contre-pied la majorité des instituts de sondage américains, Donald Trump donne désormais le tournis aux commentateurs, qui tentent de deviner de quel bois, idéologique et programmatique, est vraiment fait le président élu. En l’espace de quelques jours, le milliardaire a multiplié les signaux contradictoires quant à sa volonté de se « présidentialiser » et d’abandonner la défroque du candidat adepte des tweets grossiers et des annonces spectaculaires mais clivantes.

La nomination de Reince Priebus, 44 ans, le président du Parti républicain, au poste de secrétaire général de la Maison-Blanche vise ainsi à rassurer l’aile « modérée » ou « légaliste » du Grand Old Party (GOP), dont nombre de dirigeants de premier plan – du clan Bush jusqu’à Mitt Romney et John McCain, tous deux ex-candidats malheureux face à Obama – avaient déserté la campagne de Trump quand ils ne critiquaient pas ouvertement chacun de ses dérapages xénophobes et sexistes.

Le choix de Reince Priebus, réputé aussi discret et « humble » que Trump se montre exubérant et égotiste, doit beaucoup à l’influence grandissante de sa fille aînée Ivanka et de son mari Jared Kushner, patron du New York Observer et lui aussi « héritier » d’une grande famille new-yorkaise ayant pareillement fait fortune dans l’immobilier.

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Si le jeune couple a poussé très fort en faveur de Priebus, resté de bout en bout loyal à Trump, c’est notamment en raison de sa proximité avec Paul D. Ryan le speaker républicain de la Chambre des représentants, qui avait rejoint le camp des « dissidents » anti-Trump à la mi-octobre avant de revenir à de meilleurs sentiments dès le lendemain de la victoire. N’ignorant rien de la nature de ces ralliements guidés avant tout par la raison et l’intérêt, Trump aura besoin de relais de poids dans les deux chambres quand viendra l’heure de présenter, peut-être, quelques-unes de ses propositions les plus controversées.

Celles qui portent par exemple la marque anti-establishment de Stephen Bannon, son directeur de campagne, animateur du Breitbart News, un des sites phares de l’« alt-right », courant ultraréactionnaire qui se présente comme une alternative radicale à la vieille garde conservatrice du GOP. Donné un moment favori pour le secrétariat général de la Maison-Blanche, véritable tour de contrôle de l’administration et passerelle essentielle entre le président et le Congrès, Bannon décroche finalement un superposte de haut conseiller et « stratège » du président.

Selon le communiqué de l’équipe de transition, les deux promus « travailleront sur un pied d’égalité à réformer le gouvernement fédéral ». A priori, la collaboration promet d’être délicate…

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