Quand la France osait les (vraies) réformes sociales

On semble aujourd’hui oublier qu’il fut des époques de l’histoire nationale où un consensus permit de réaliser des mesures qui ont fait la réputation du modèle social à la française, dans un contexte pourtant autrement difficile…

Il est de bon ton d’expliquer que les Français sont rétifs aux réformes, que toute velléité d’imposer le moindre changement se heurte d’office au front de défense des intérêts catégoriels, sauf à utiliser la schlague. On semble ainsi oublier qu’il fut des époques de l’histoire nationale où un consensus permit de réaliser des mesures qui ont fait la réputation du modèle social à la française, dans un contexte pourtant autrement difficile.

Tel fut le cas lorsque la Sécurité sociale fut instaurée en octobre 1945, au sortir d’une guerre qui avait mis le pays à genoux. C’est cette épopée que raconte la Sociale, un film de Gilles Perret que l’on se permettra de conseiller à tous ceux qui ont fait du Tina («there is no alternative») thatchérien leur sport favori.

Il y a soixante-dix ans, dans l’euphorie de la victoire contre le nazisme, était créée ce que l’on appelle familièrement «la Sécu». La mesure était au programme du Conseil national de la Résistance (CNR) dont on rappellera qu’il s’intitulait «Les jours heureux», preuve que dans les moments les plus sombres, certains entrevoient la lumière du lendemain. Autour du général de Gaulle, le gouvernement provisoire de l’époque allait des communistes à la droite républicaine. Au poste de ministre du Travail, on trouvait un ouvrier issu d’une famille de métallos, lui-même aide-ajusteur treize ans, membre de la CGT et ancien député communiste : Ambroise Croizat, qui décédera en 1951, épuisé par le poids des montagnes soulevées.

En quelques mois, secondé par Pierre Laroque, un haut fonctionnaire n’hésitant pas à affronter les idées préconçues, Ambroise Croizat instaura un système qui représentait une première mondiale, et qui permit à des millions de salariés de ne plus vivre avec l’angoisse de la maladie, de l’accident et de la vieillesse. Il le fit contre le patronat de l’époque, vent debout contre l’esprit du CNR. A l’occasion, il prouva qu’un ancien ouvrier pouvait parfaitement gérer les affaires de l’Etat, ce qui relève aujourd’hui d’une incongruité.

(…)

>>> Retrouvez l’intégralité de cet éditorial dans le numéro de Marianne en kiosques

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou au numéro via   et Android app on Google Play

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply