Aux yeux de ses soutiens, c’est grâce aux débats télévisés que François Fillon a bousculé le duel Sarkozy-Juppé dans la primaire de la droite. Même si, assurent-ils, il n’a jamais douté de figurer parmi les favoris.
François Fillon pressentait-il que la primaire de la droite se jouerait dans les derniers instants ? En tout cas, son équipe avait mis toutes les chances de son côté en prévoyant un grand show parisien en guise de dernier événement de campagne, à deux jours du premier tour. « Il se passe quelque chose », a lancé l’ancien Premier ministre à environ 7.000 partisans survoltés qui ont rempli le Palais des congrès, vendredi 18 novembre.
De fait, François Fillon est la sensation de cette fin de campagne. Certes, avec sa fulgurante remontée dans les sondages, les médias tenaient la bonne histoire à écrire pour faire monter le suspense. Mais aux yeux de ses proches, ce n’est que juste contrepartie, tant ils estiment que leur champion a été maltraité. « Les médias avaient injustement bloqué l’élection autour du duel Sarkozy-Juppé, déplore la députée Valérie Boyer, l’une de ses porte-parole. Dès que Fillon a été traité à égalité avec les autres, dans les débats, il a crevé l’écran. »
La télévision, voilà ce qui a provoqué le déclic de l’austère François Fillon, à en croire son staff. « Il avait beau multiplier les réunions publiques en province depuis trois ans, ça ne touche que 300 ou 400 personnes à chaque fois. Ça n’a rien à voir avec l’exposition offerte par une émission de télé comme le premier débat », explique un pilier de son équipe de campagne. Qui ajoute : « Fillon, les Français ne le connaissaient que comme Premier ministre, dans le rôle pas très sexy de celui qui raconte des trucs techniques et tient les équilibres. Là, ils l’ont vu ferme et solide sur ses convictions. »
« On ne peut pas avoir un programme aussi construit, avoir autant de soutien et de mobilisation et être au même niveau que Bruno Le Maire. Je n’y crois pas, le décalage est trop fort », pestait pendant la campagne le député Jérôme Chartier, premier lieutenant filloniste. L’histoire écrite par le camp Fillon est donc celle d’un candidat qui n’aurait jamais douté de sa force. Même si, en réalité, l’esquif de l’ancien Premier ministre a dangereusement tangué durant la campagne. Avant l’été, son amie Anne Méaux, l’une des plus célèbres communicantes du Tout-Paris, vient à sa rescousse pour tenter de redresser la barre, sans effet immédiat. A la rentrée, ses attaques directes contre Nicolas Sarkozy « mis en examen » – à la différence du général de Gaulle – sèment le trouble chez une partie de ses troupes. La campagne ne décolle toujours pas et plusieurs de ses ex-soutiens désertent, d’Eric Ciotti, parti chez Nicolas Sarkozy, à Valérie Pécresse, qui rallie Alain Juppé.
Plus personne ne doute, désormais, que François Fillon joue bel et bien dans la cour des grands. Mais le candidat sait aussi qu’après un tel retour en force, une élimination dès le premier tour serait d’autant plus cruelle dimanche.
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