Au lendemain du troisième débat qui s’est tenu ce jeudi 17 novembre, Nathalie Kosciusko-Morizet peut se targuer d’avoir réussi une belle performance. Si elle sait pertinemment qu’elle ne se hissera pas au second tour de la primaire à droite, elle peut encore ravir la quatrième place à Bruno Le Maire. Retour sur une soirée réussie.
La campagne s’achève sur une note positive. Au lendemain du troisième et dernier débat opposant les sept candidats de la primaire de la droite avant le premier tour ce dimanche, Nathalie Kosciusko-Morizet peut avoir le sourire. Comme lors des deux premiers affrontements télévisés, sa belle performance a été soulignée. NKM aura également attisé la curiosité des téléspectateurs : elle est la candidate qui a généré le plus de recherches sur Google durant les 2h30 de l’émission. Et selon l’institut Elabe, 22% de ceux qui ont suivi le débat avaient une meilleure image d’elle à l’arrivée.
Il faut dire que toutes les conditions étaient réunies pour que la seule femme du plateau émerge au milieu des costards sombres. À la faveur d’un tirage au sort favorable, Nathalie Kosciusko-Morizet s’est retrouvée derrière le pupitre central, un positionnement symbolique qui lui a permis d’être au cœur des échanges. Manifestant une évidente décontraction, elle a su profiter de cette mise en lumière, abattant habilement ses cartes…
Dans la dernière ligne droite avant le premier tour, une tendance claire se dessine : les deux places du second tour se joueront entre Sarkozy, Juppé et Fillon. Nathalie Kosciusko-Morizet l’a bien compris, et saitque le vrai défi qu’elle peut encore relever est d’atteindre la quatrième place. Son adversaire était donc tout trouvé, en la personne de Bruno Le Maire. À chacune de ses interventions, elle s’est alors appliquée à adresser un scud au député de l’Eure. « Je suis absolument opposée à l’idée d’organiser un référendum [sur l’Europe] que soutient Bruno. En France, on fait un référendum quand on n’a pas d’idée. Et on n’a pas besoin d’un président sondeur. » Même tonalité sur les questions d’éducation : « Ce sont les mêmes qui sortent des grandes écoles et qui poussent leurs enfants vers les filières les plus élitistes, qui expliquent qu’il faut supprimer le collège unique. Bruno, tu n’aurais jamais poussé tes enfants à choisir à l’âge de 11 ans entre une carrière de mécanicien ou de pâtissier… »
NKM ne s’est toutefois pas contentée d’attaquer son rival pour la quatrième place. Les trois favoris ont également eu droit à quelques sailies bien senties. On retiendra surtout la conclusion de sa prestation, où la candidate a fait d’une pierre trois coups : « Parmi les projets qui sont proposés aux Français, il y a la revanche, la nostalgie ou la déprime. Moi, je propose une autre voie. » En une phrase, la candidate se paie à la fois Sarkozy, Juppé et Fillon. Et au cas où l’ancien chef de l’Etat n’aurait pas bien saisi le message, elle enfonce : « Certains s’autoproclament porte-parole de la majorité silencieuse, mais ils oublient qu’elle est composée de jeunes qui ne votent plus et de gens qui fuient la politique. C’est à eux que je veux m’adresser. »
Ne déviant pas, contrairement à un Bruno Le Maire fébrile sur la fin, de sa ligne de candidature, Nathalie Kosciusko-Morizet a martelé ses sujets de prédilection tout au long du débat : l’adaptation au monde moderne, les nouvelles formes de travail, le numérique, la jeunesse. « Nous traversons un changement d’ère complet. La société et l’économie sont touchées par cette transformation, tandis que le monde politique reste franchement à l’écart. On parle des 35h, du temps de travail des fonctionnaires… Mais le fait majeur, c’est l’émergence du travail indépendant que permettent les nouvelles technologies en facilitant le télétravail et le travail par mission. La nouvelle génération ne veut pas travailler comme avant. » Et de ringardiser ses adversaires : « Ceux qui ne veulent pas entendre parler de l’uberisation ne rendent pas service aux Français. Ce sont les mêmes qui, dans les années 70, ne voulaient pas parler de la robotisation. Ce déni a fait le malheur des ouvriers. »
Tout sourire toute la soirée, NKM a utilisé l’humour pour se faire entendre, même quand elle était lassée d’avoir encore un temps de parole moins important que celui de ses concurrents. Alors que Jean-François Copé venait de traiter François Fillon d’« imposteur » et que la possibilité de répondre lui était offerte, la candidate a lâché : « S’il faut se faire insulter pour avoir le droit de parler… » Fou rire général sur le plateau et dans le public. Autre trait bien envoyé lorsque Bruno Le Maire, après avoir martelé le « renouveau » tout au long de sa campagne, concède qu’« il faut beaucoup de temps pour acquérir la maturité nécessaire [à la fonction de président]. J’ai déjà des années d’expérience politique derrière moi. » Alors que des ricanements se font entendre, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui porte l’estocade : « Bravo, tu es arrivé à l’inverse de ce que tu voulais démontrer ! »
Il est assez rare qu’un candidat – fût-il très bas dans les sondages – admette sa défaite avant le scrutin. Ainsi en va-t-il de Jean-François Copé, qui affirme pouvoir « rétablir le commandement du pays » alors qu’il est donné bon dernier par tous les sondages les plus récents. Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, préfère se distinguer en jouant le réalisme : « Tous mes concurrents ont proclamé à un moment ou à un autre qu’ils allaient gagner la primaire, quand bien même ils savaient que c’était faux. Pour ma part, je sais que ce ne sera pas le cas… » Et si ce constat ne l’a pas empêchée d’inviter les téléspectateurs à voter pour elle, NKM sait que sa franchise a eu quelque chose de rafraîchissant. Tout comme sa bonne humeur.
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