L’ex-président de la République, membre du Conseil constitutionnel, qui a été ministre (Budget, Intérieur, Economie) et député plusieurs fois, et maire pendant vingt ans de Neuilly-sur-Seine, se prétend, comme Donald Trump, hors système. Ah bon ?
Le comparer à Donald Trump ? Ce populiste extrémiste et vulgaire ? Absurde ! Nicolas Sarkozy avait tenu à mettre les choses au point : lui, il voterait Hillary Clinton «qui est une amie». Et d’en remettre une couche : «Il est terrifiant de penser que 30 % des Américains puissent se reconnaître dans ce type qui ne mérite pas tant d’intérêt. Ça me fait frémir sur l’état d’une certaine Amérique profonde.»
Et, soudain, clic ! clac ! le «terrifiant» personnage est élu. Et vous savez quoi (l’expression favorite de Trump) : Sarkozy, illico, s’identifie à lui. Il est Trump. Comme lui, il représente une majorité silencieuse (alors que 75 % du corps électoral lui est hostile, et que seulement une minorité très bruyante lui est acquise). Il affronte, lui aussi, la «pensée unique» (avec une majorité de grands groupes médiatiques en sa faveur !). Il est devenu Trump comme il était devenu George Bush dont il approuva ostensiblement, contre Chirac, l’intervention en Irak.
Et de brandir cet argument massue : comme Trump, les sondages et l’establishment me donnent battu. Comme lui, je les démentirai en l’emportant haut la main.
Eh bien, en l’occurrence, Sarkozy a doublement raison. Oui, malgré ce qu’indiquent les sondages (sauf très grosse poussée de Fillon, tenant cohérent et sérieux d’un reagano-thatchérisme à la française, que je n’exclus pas), il peut encore remporter la primaire de la droite contre un Juppé trop gentil et trop lisse, qui n’embraye pas. Et, oui, il incarne une sorte de Trump hexagonal.
(…)
Ils ont un point commun, essentiel, qui domine tous les autres : héritiers et représentants d’un système dont ils ont utilisé tous les rouages, exploité toutes les possibilités et aussi toutes les dérives, qui les a projetés vers des sommets, ils n’ont pas hésité, tous les deux, à se présenter en candidat antisystème. Y compris un Trump dont le principal conseiller vient de la banque Goldman Sachs et qui préconise une déréglementation quasiment totale du système financier : tout pour Wall Street en somme.
Formidable inversion.
SURTOUT NE RIEN CHANGER
Car – pour en rester à son cas – Sarkozy, plusieurs fois ministre, déjà président de la République, qui a commencé sa carrière au cœur du pouvoir de l’argent (Neuilly) et du pouvoir politico-étatique (le RPR alors dominant), est, si les mots ont un sens, le candidat par excellence d’un système (les Hauts-de-Seine et les Balkany en constituant la quintessence) dont il est issu, qui l’a porté et auquel il a présidé. (Système dont, au demeurant, le scandale Bygmalion, les financements libyens et gabonais, les agissements de Bernard Squarcini, les errements de Claude Guéant, furent et sont les symptômes.) Système malade, certes, mité, de plus en plus inadéquat, de plus en plus contesté, mais que l’ex-président est pratiquement le seul à vouloir conserver en l’état ou rétablir.
(…)
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