Ce mercredi 16 novembre, Emmanuel Macron a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Préparée à la hâte, sa déclaration solennelle et convenue a tranché avec le décor qu’il avait choisi pour la faire…
« C’est qui? » Au campus des métiers de Bobigny, la venue d’Emmanuel Macron ce mercredi 16 novembre n’a pas fuité, en tout cas pas jusqu’à ces deux vingtenaires venus chercher un stage au Forum des formations, organisé pour les demandeurs d’emploi et les jeunes sans formation. Le fondateur d’En Marche est pourtant venu y faire une annonce de taille : il se présente à l’élection présidentielle de 2017. Pour cet exercice périlleux, qui peut mettre sur orbite ou au contraire plomber une candidature, l’ex-ministre de l’Economie âgé de 38 ans a joué la sécurité. Il a choisi cet endroit qu’il connaît bien, pour avoir rendu visite aux apprentis du campus à deux reprises au cours des derniers mois.
Il faut dire que le choix de se déclarer ce mercredi n’a été entériné que la veille au soir, ce qui n’offrait pas énormément de possibilités quant au lieu. Mais Sylvain Fort, le directeur de la communication d’Emmanuel Macron, évacue : « Emmanuel attendait juste de se sentir prêt. Aujourd’hui, c’est le cas« . « Faire sa déclaration à Bobigny, c’est un symbole. Il voulait être ici avec les apprentis« , s’enflamme Patrick Toulmet, qui présente la double particularité d’être le président de la Chambre des métiers de Seine-Saint-Denis et un grand soutien d’Emmanuel Macron. « On va aider la France qui va mal. C’est pour ça qu’on a choisi Bobigny« , confirme l’entourage du désormais candidat.
Pourtant, entre cette France réelle qu’Emmanuel Macron a voulue pour planter sa candidature, et les caméras qui vont la retransmettre, un solennel fond bleu roi a été dressé, flanqué des drapeaux français et européen, le tout derrière un pupitre. Soit le décor type de toute déclaration politique, conventionnel et impersonnel à souhait, à se demander pourquoi le candidat a fait le déplacement jusqu’à Bobigny… Pas pour les supporters en tout cas : au milieu des carosseries et des crics de voiture, il n’y a bizarrement aucun apprenti, et à peine une petite dizaine de sympathisants. En fait, le garage a été transformé en salle de presse éphémère. Car les journalistes, eux, sont nombreux à attendre fébrilement la déclaration d’Emmanuel Macron.
Quand l’homme du jour arrive enfin par une porte dérobée – non sans s’être fait désirer, comme s’il voulait monopoliser plus longuement les chaînes d’info en continu placées en dispositif d’édition spéciale -, surprise : son visage est renfrogné. Le jeune loup à la décontraction légendaire se montre grave. S’il se permet un clin d’oeil, cette fois pas de discours sans notes, micro à la main, comme dans ses meetings. Macron a choisi la solennité pour égrener ses thèmes de campagne, durant une dizaine de minutes. « Nous n’avons pas réussi à régler le problème du chômage de masse, la déprise des territoires, la langueur de l’Europe, les divisions internes. La France est bloquée par les corporatismes », commence l’ancien banquier. Débit hâché et ton déterminé, il évoque un « monde en plein bouleversement« , regrette « les inégalités croissantes de notre mondialisation« . Fidèle à sa critique des partis politiques, il affirme avoir « pu mesurer ces derniers mois ce qu’il en coûte de refuser les règles obsolètes et claniques d’un système politique qui est devenu le principal obstacle à la transformation de notre pays.«
Puis vient le moment attendu. Après la critique du système, le fondateur d’En Marche parle de son projet. « Je veux faire entrer la France dans le XXIème siècle« , tonne-t-il en desserrant à peine la mâchoire. C’est alors qu’il se lance : « Dans quelques mois, à l’occasion de l’élection présidentielle, une opportunité nous est offerte, celle de refuser enfin le statu quo pour choisir d’avancer, parce que ce combat que nous devons livrer pour faire réussir notre pays, il commencera en mai 2017. Pour le mener, la responsabilité du président de la République est immense et j’en suis pleinement conscient (…) C’est pourquoi je suis candidat à la présidence de la République. » Les flashes crépitent.
Une petite dizaine d’applaudissements plus tard, Emmanuel Macron s’esquive, suivi de près par ses quelques lieutenants. Une interview à la presse quotidienne régionale l’attend, avant la préparation du journal de 20h sur France 2. Seul son directeur de la com’ reste dans la salle pour débriefer la performance on ne peut plus convenue. « Dans cet exercice, les Français attendent du formalisme, il ne servait à rien d’être artificiellement original », justifie le communicant. A l’entrée du campus, quelques badauds s’informent sur le Forum des formations. Il ne savent pas qu’ils viennent de croiser un candidat à la présidentielle.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments