Macron, menace pour la primaire à droite ? "Le problème, c’est que le mec est de gauche…"

En se lançant officiellement pour 2017, l’ancien locataire de Bercy pourrait-il détourner de la primaire à droite certains électeurs, notamment ceux d’Alain Juppé ? Chez les candidats, l’hypothèse est jugée improbable, y compris dans le camp Sarkozy.

Emmanuel Macron s’est toujours dit « de gauche ». Mais pour sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle, il a choisi de s’inviter dans le calendrier de la primaire… de droite ! Le choix de sauter le pas ce mercredi 16 novembre, à quatre jours du premier tour du scrutin organisé par Les Républicains, n’est pas anodin. Certes, ses proches se défendent de toute immixtion. « Très clairement, il n’y a pas de volonté de Macron de peser sur la primaire, assure à Marianne l’un de ses soutiens, le député PS Christophe Castaner. Le but, c’est plutôt d’affirmer qu’il n’attend pas la candidature de tel ou tel pour se présenter. » Il n’empêche, l’ex-ministre de l’Economie compte bien titiller les candidats de la droite, ne serait-ce qu’en les faisant parler de lui !

De fait, les tirs de barrage ont commencé dès que l’officialisation de sa candidature a été annoncée. Et nul doute qu’ils se poursuivront ce jeudi soir, lors du dernier débat télévisé avant le premier tour de la primaire. Cogneur en chef des deux premiers débats, Jean-François Copé nous répète le numéro à l’avance : « C’est d’un grotesque… Moi aussi, je pourrais faire campagne sur le thème : “la pluie, ça mouille” ! » Le député-maire de Meaux enchaîne : « Il en est encore au stade où il pense que la politique, c’est facile. Mais à chaque fois qu’il a commencé à être précis, il s’est planté. » Et n’allez pas dire à Copé que Macron pourrait attirer des électeurs de droite à la présidentielle : « Le problème, c’est que le mec est de gauche. Ils ne voteront pas pour lui, hein ! »

Petits calculs

La virulence traduit tout de même une petite inquiétude. Emmanuel Macron, qui a très solennellement renvoyé droite et gauche dos à dos dans son discours de ce mercredi, ne laisse pas indifférente une certaine frange des sympathisants de droite. Le détail des sondages le confirme : Macron est plus populaire chez ceux qui ont voté Bayrou et Sarkozy en 2012 que chez les électeurs de gauche. Mais de là à dire que sa candidature peut détourner des électeurs de la primaire à droite, il y a un grand pas que le sénateur sarkozyste Roger Karoutchi ne franchit pas : « Avec une déclaration aussi creuse qui intervient seulement à trois jours du premier tour, ça ne va pas perturber la primaire. Qu’une fraction de l’électorat de centre-droit soit intéressée par Macron, c’est certain. Mais les conséquences seront très marginales. » S’il y en a, estime-t-il, « ce sera au détriment d’Alain Juppé. Macron n’est pas tellement la tasse de thé de ceux qui votent Sarkozy ou Fillon ».

Le maire de Bordeaux a beau rester le favori des sondages, il n’avait en effet pas besoin de cette concurrence sur son créneau libéral et modéré, alors que François Fillon le menace sérieusement dans le rôle du recours anti-sarkozyste de la primaire. Devant la presse ce mercredi, il a donc préféré expédier le cas Macron : « C’est d’abord un problème pour la gauche. » A voir… Car le fondateur d’En Marche n’en s’en cache pas, une élimination de Juppé ferait ses affaires en vue de 2017. « Si Sarkozy est désigné, ça libère beaucoup de cadres intermédiaires au centre-droit qui viendront vers moi », estimait-il y a quelques semaines, selon des propos rapportés par L’Opinion. Même si, dans son camp, on cherche à se rassurer face à l’hypothèse inverse. « Une fois désigné candidat, Juppé devra rassurer son camp et quitter son créneau centriste », veut ainsi croire un autre de ses soutiens socialistes, le député Arnaud Leroy. Quoi qu’il en soit, la « révolution démocratique » que prône Emmanuel Macron contre « la vacuité du système politique » n’empêche pas les petits calculs !

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