Le cimentier français Lafarge et Daech ont-ils fait du business ensemble en Syrie, sur le site de Jalabiya au nord-est d’Alep, entre 2013 et 2014 ? C’est ce que cherchent à confirmer onze anciens employés du groupe et l’ONG Sherpa, spécialisée dans la « défense de victimes de crimes économiques », qui demandent ce mardi l’ouverture d’une information judiciaire.
Les « arrangements » présumés conclus entre Daech et le cimentier français Lafarge en Syrie bientôt devant la justice ? L’hypothèse est sur la table depuis qu’une plainte pour « financement du terrorisme », « complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », « mise en danger », « exploitation abusive du travail » et « négligence » a été déposée ce mardi 15 novembre, notamment par l’ONG Sherpa, spécialisée dans la « défense de victimes de crimes économiques » et onze anciens employés du groupe en Syrie.
En cause, les accords « troubles » qui auraient été passés entre 2013 et septembre 2014 par la multinationale française dans l’une de ses cimenteries, située à Jalabiya, au nord-est d’Alep, afin de maintenir sa production. Selon une enquête du Monde, publiée en juin dernier, l’entreprise aurait en effet marchandé avec le groupe terroriste à plusieurs reprises.
D’abord, pour obtenir des autorisations afin de pouvoir circuler librement sur les routes contrôlées par Daech. « Lafarge continuait d’alimenter le marché syrien du ciment et, pour cela, avait besoin d’acheminer sa production par les routes », a ainsi expliqué un ancien employé de Lafarge au Monde. Puis pour d’acheter du pétrole – indispensable à la fabrication du ciment – auprès des combattants de l’EI, qui contrôlaient alors toutes les sources de production à Rakka et à Deir ez-Zor. Lafarge serait ainsi passé par « des intermédiaires et des négociants qui commercialisaient le pétrole raffiné par l’EI, contre le paiement d’une licence et le versement de taxes » et ce, en parfait accord avec « la direction de Lafarge à Paris » qui « était au courant de ces efforts », détaillait de surcroît Le Monde.
« Ce que nous dénonçons, c’est l’obsession d’une entreprise de maintenir une activité profitable au risque de devoir rendre des comptes et que soient mis au jour des liaisons pour le moins dangereuses avec ceux qui sont perçus comme les pires ennemis de l’humanité », a expliqué ce mardi le président de l’ONG William Bourdon.
D’après le rapport rendu en juillet par une mission parlementaire sur les moyens du groupe djihadiste, « rien » ne permet toutefois d’établir que Lafarge ait pu « participer directement ou indirectement, ni même de façon passive, au financement de Daech ». L’ouverture d’une information judiciaire, demandée par l’ONG Sherpa et les anciens employés devrait justement pouvoir le confirmer…
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