A iTélé, la grève la plus longue

Face aux provocations et à l’inflexibilité de Vincent Bolloré, les salariés de la chaîne d’information en continu ont entamé leur cinquième semaine de grève. Une durée inégalée dans l’histoire de l’audiovisuel depuis mai 1968.

Un mois sans salaire, un mois de bras de fer, de stress, de doutes. Les salariés de la chaîne d’information en continu iTélé ont voté ce lundi 14 novembre, par 84% des voix de la rédaction, la poursuite de leur mouvement jusqu’à mardi midi. Faisant de leur grève face à leur actionnaire Vincent Bolloré la plus longue de l’histoire de l’audiovisuel depuis mai 1968.

En entrant dans sa cinquième semaine, le mouvement est en effet sur le point (mardi) de dépasser en durée le conflit de 2015 à Radio France (29 jours), qui constituait jusqu’à présent un record depuis la grève à l’ORTF de 1968 (57 jours). Les salariés de la radio craignaient alors un sévère plan d’économies et des réductions d’emplois.

Dans une tribune dans Le Monde ce lundi, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, alerte : « L’avenir de l’indépendance de l’information se joue aujourd’hui à iTélé ». Et de développer :

« Si la société française, les responsables politiques et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) acceptent qu’une rédaction soit contrainte de s’incliner devant la demande d’interviews de complaisance et de « synergies », dans un groupe de médias où les banques amies sont exonérées d’enquêtes, alors le principe d’« honnêteté de l’information » sera sérieusement mis à mal. Qui empêchera que cette défaite ne fasse jurisprudence ? »

« Il n’y a pas du tout de projet de chaîne de divertissement »

A l’issue d’une rencontre avec les ministres du Travail et de la Culture ce lundi, les dirigeants du groupe Canal+ ont annoncé qu’ils présenteront dans l’après-midi un nouveau protocole d’accord aux représentants des salariés. « Il y a une volonté de la direction de sortir de ce conflit. Il faut maintenant qu’il y ait des actes », a appuyé la ministre du Travail Myriam El Khomri.

La direction propose notamment la nomination, d’ici à fin novembre, d’un directeur adjoint pour seconder Serge Nedjar, qui assure la double casquette de directeur général et directeur de la rédaction, l’un des principaux points de crispation des grévistes. Ce nouvel adjoint sera « issu prioritairement de la rédaction », a précisé Gérald-Brice Viret, directeur général des antennes de Canal+.

« Nous avons réaffirmé très clairement qu’iTélé allait rester une chaîne d’information en continu de référence. Il n’y a pas du tout de projet de chaîne de divertissement », a de son côté assuré Stéphane Roussel, directeur général chargé des opérations de Vivendi (groupe propriétaire de Canal+). Lequel a également précisé qu’une dizaine de personnes étaient parties de la chaîne et qu’une dizaine de départs étaient encore en discussion, ajoutant que « tous les départs seront remplacés ».

Enfin, un porte-parole du groupe a précisé que la chaîne d’information n’est pas à vendre : « On veut une chaîne d’info » dans le groupe, a-t-il martelé, avant de préciser : « Mais il faut des projets pour montrer qu’elle a une valeur ». Les journalistes, eux, attendent aussi qu’on leur montre qu’ils ont une valeur, éditoriale celle-là.

>> Pour soutenir les salariés d’iTélé, une cagnotte a été msie en ligne sur Internet

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