En 2011, il faisait partie de l’équipe de campagne de François Hollande. Aujourd’hui, le député du Cher Yann Galut a pris ses distances, dégoûté par l’orientation « social-libérale » du quinquennat. Ce mardi 15 novembre, l’animateur du courant socialiste « la Fabrique » explique à « Marianne » pourquoi il rejoint Arnaud Montebourg.
En 2011, le député du Cher Yann Galut faisait partie de l’équipe de campagne de François Hollande à la primaire de la gauche. Troublé par le pacte de reponsabilité et le CICE, l’élu a d’abord pris ses distances en fondant un courant du PS à mi-chemin entre le gouvernement et les frondeurs, la Fabrique (9,5% au Congrès de Poitiers). Définitivement dégouté par le projet sur la déchéance de nationalité et la loi Travail, il rejoint aujourd’hui Arnaud Montebourg, seul candidat à même, selon lui, d' »éviter que le PS ne sombre dans le social-libéralisme« .
Votre courant au PS, la Fabrique, s’est réuni il y a quelques jours afin d’établir une position commune pour la primaire de la gauche. Qu’avez-vous décidé ?
Yann Galut : Il a été acté que le courant ne roulera pas pour un candidat. La liberté de choix sera totale, sauf si Manuel Valls est candidat. Dans ce cas, il faudra s’opposer à lui car il représente une orientation social-libérale que la Fabrique combat. Je pense qu’une majorité penchera pour Arnaud Montebourg, une minorité pour François Hollande ou Benoît Hamon. Pour ma part, je vais rallier Arnaud Montebourg. Je ne demande rien mais je lui ai dit que j’étais disponible pour l’aider.
En 2011, vous étiez pourtant un fervent soutien de François Hollande. Pourquoi ce revirement ?
J’ai en effet été un des premiers à soutenir François Hollande, à partir de 2010, avant la chute de Dominique Strauss-Kahn. J’étais son représentant socialiste dans le Cher, j’ai même été membre de Répondre à gauche, le club de Stéphane Le Foll ! Mais je ne me retrouve pas dans la politique menée depuis 2012. Je pensais que François Hollande était un authentique social-démocrate et j’ai découvert qu’il était social-libéral. Il a passé ces quatre dernières années sous influence de Manuel Valls, le Monsieur 5% de la primaire.
Quelles réformes lui reprochez-vous ?
Il y en a tellement. Dès le début du quinquennat, il a refusé de renégocier le traité budgétaire européen, contrairement à ses promesses de campagne. Ensuite, en 2013, il a inventé le pacte de responsabilité et le CICE. Encore une fois, cela ne faisait pas partie de ses engagements. Mais pour moi, la rupture définitive date de l’épisode de la déchéance de la nationalité, puis de la loi Travail. Non seulement ce texte était inacceptable, mais Manuel Valls l’a imposé sans débat, par le 49.3. Si François Hollande m’avait expliqué en 2011 qu’il ferait passer tous ces textes, je ne l’aurais pas soutenu.
Pourquoi opter aujourd’hui pour Arnaud Montebourg ?
Arnaud Montebourg est un vrai républicain et un vrai social-démocrate. Surtout, c’est un homme politique volontaire et combatif. Nous avons besoin de dirigeants qui vont au rapport de force, y compris au niveau européen, ce dont François Hollande a été totalement incapable. Arnaud Montebourg, lui, a su faire valoir ses positions lors du conflit à Florange. S’il continue à travailler, il peut avoir l’étoffe d’un président de la République.
En 2014, Arnaud Montebourg a aidé Manuel Valls, dont vous critiquez l’action, à accéder à Matignon…
Avec Benoît Hamon, ils ont commis une erreur. Et on paye encore les conséquences. Mais il faut aller de l’avant. Aujourd’hui, Arnaud Montebourg est le plus à même d’éviter que le PS ne sombre dans le social-libéralisme cher à Manuel Valls. Je suis persuadé que quand la primaire de la droite sera passée et qu’on rentrera dans le débat, le candidat gouvernemental, que ce soit François Hollande ou Manuel Valls, s’effondrera. Car il devra défendre son mauvais bilan.
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