Election de Trump : "Les peuples ne croient plus que la démocratie puisse améliorer leur vie"

La démocratie suppose l’adhésion à un contrat social. Depuis un siècle, il était fondé sur la promesse, même pour ceux dont la vie était très difficile, que demain serait meilleur et que leurs enfants vivraient mieux qu’eux…

Il y a 48 ans, à l’âge de 16 ans, je rêvais d’un monde libre, juste et fraternel. Je chantais : « Quand on verra à Washington, sans que personne ne s’étonne, un président à la peau noire habiter à la Maison-Blanche … Et les habitants de Berlin pourront chanter comme naguère, et sur les ruines d’un vieux mur on servira des pots de bière. Qu’il vienne ce jour-là, qu’il se lève sur la terre ce matin-là ! ».

Ce jour s’est levé et l’humanité est toujours dans le noir.

Le mur de Berlin est tombé.

Un président à la peau noire a habité la Maison-Blanche. Un deuxième rêve de ma jeunesse, nourri par Martin Luther King et Bob Kennedy, s’est réalisé.

Hélas, avec un président noir, les USA sont restés une puissance impérialiste au service des multinationales américaines et un agent d’exploitation des ressources des autres peuples. En Europe, le gouvernement américain a renforcé l’OTAN pour couper l’Europe de la Russie et assurer ainsi sa suprématie sur notre continent. Comme hier, les USA, après nous avoir entraînés dans l’engrenage infernal de l’Afghanistan, de l’Irak puis de la Lybie et de la Syrie, ne gouvernent le monde que pour protéger leurs intérêts stratégiques et financiers.

Un quart de siècle après la chute du mur de Berlin, la vie est plus dure qu’avant pour des millions d’européens de l’Est tant le capitalisme sauvage, qui y sévit, est tout aussi matérialiste et inhumain que le communisme.

Débarrassés de la peur du communisme, les financiers, avec le soutien des gouvernements de droite et de gauche, en ont profité pour organiser la régression sociale dans tous les pays développés.

En France, comme ailleurs, on détruit la Sécurité sociale, les retraites par répartition, les lois sociales qui protègent la grande majorité contre la minorité la plus riche… On sape le tissu social et familial avec le travail du dimanche pour augmenter encore les profits. L’œuvre historique des socio-chrétiens, des syndicats, du Front populaire, de de Gaulle et de la Résistance est déconstruite pour livrer les français aux lois barbares du marché.

Les inégalités, aux USA comme en Europe, atteignent des sommets. Les milliardaires s’enrichissent et refusent l’impôt tandis que le chômage et la misère des masses s’aggravent partout. Le prétendu plein emploi aux USA, au Royaume-Uni ou en Allemagne n’est qu’une supercherie pour tenter de masquer la misère des travailleurs.

Partout, les peuples constatent que leur vie est plus dure qu’hier tandis que les politiques leur annoncent que demain sera pire et qu’ils savent que la vie de leurs enfants sera plus dure que la leur.

La démocratie suppose l’adhésion à un contrat social. Depuis un siècle, il était fondé sur la promesse, même pour ceux dont la vie était très difficile, que demain serait meilleur et que leurs enfants vivraient mieux qu’eux. La mise à genoux du gouvernement grec, les trahisons de Hollande et l’échec de Sanders aux USA, face à un Parti démocrate complice de la finance, ont privé les peuples de tout espoir à gauche et dans la démocratie.

Les peuples ne croient plus aux politiques mais pire, ils ne croient plus que la démocratie puisse améliorer leur vie. Alors ils cherchent des bouc-émissaires, souvent les étrangers mais aussi les plus pauvres, traités « d’assistés » par la « bienpensance » universelle.

Pendant ce temps, la ploutocratie et l’élitocratie médiatique associées restent sourdes et aveugles à la désespérance des peuples et aux avertissements des urnes.

Le résultat est là : Brexit au Royaume-Uni, votes d’extrême droite en Europe et, pour couronner le tout, élection triomphale de Trump aux USA.

La gauche européenne est aux abonnés absents et ne propose rien. Pas un seul rêve pour un monde nouveau, plus juste, plus solidaire, plus fraternel… Comme les gaullistes et les syndicats dits réformistes, elle trahit sa mission et son histoire. Pourtant jamais le besoin d’Etat, de réglementation et d’intervention économique et sociale ne s’est révélé aussi évidemment nécessaire.

Les intellectuels ne proposent aucune utopie pour le monde nouveau de la communication universelle instantanée qui rend visible par tous les inégalités injustifiables. Après l’apparition de l’écriture ,il y avait eu les philosophes grecs et la démocratie athénienne. Après l’imprimerie et les Grandes Découvertes, il y avait eu la Renaissance italienne, les philosophes français et la démocratie. Avec Internet, c’est le vide de l’utopie politique et le néant de la pensée sociale dans les médias.

Seul un sursaut des peuples peut permettre d’imaginer et de construire une Europe digne de ce qu’ont fait nos parents et lumière pour le monde. Il faut pour cela une union de philosophes, de sociologues, de politiciens, de syndicalistes et de citoyens pour relever ce défi comme surent le faire les Résistants français. Ils proposèrent au monde le programme « les Jours heureux » du Conseil National de la Resistance dans les heures les plus sombres de l’histoire de France. Ils surent offrir aux jeunes la seule utopie qui vaille, des lendemains meilleurs et ils le firent. Sinon, nos gouvernants, qui ont détruit cette espérance, sapé le contrat social et livré les USA à Trump, livreront demain la France et l’Europe aux partisans de l’exclusion et de la haine.

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