Si Donald Trump, élu président des Etats-Unis ce mercredi 9 novembre, effraie une partie de l’Amérique et du monde, celui qu’il a choisi pour être son vice-président pourrait s’avérer bien pire : Mike Pence, 57 ans, ultra-conservateur et ultra-religieux…
Pire que Donald Trump ? De nombreux Américains se sont posé la question lorsque Mike Pence, 57 ans, gouverneur de l’Indiana (nord-est des Etats-Unis) depuis 2013, a officiellement accepté fin juillet d’apparaître sur le ticket du candidat républicain élu à la Maison-Blanche ce mercredi 9 novembre. Celui qui se décrit volontiers comme « un chrétien, conservateur et républicain », « dans cet ordre » d’importance, s’est en effet régulièrement fait remarquer pour ses prises de positions, tant ses croyances religieuses semblent avoir dicté, au fil de sa carrière, son action politique.
Lors du débat télévisé qui a opposé les candidats à la vice-présidence, le 4 octobre dernier, Mike Pence, a d’ailleurs largement insisté sur sa foi en Dieu, assurant passer chaque jour « un peu de temps » à prier agenouillé. Mais au-delà de cette religosité somme toute banale aux Etats-Unis, cet ancien juriste et animateur de radio, membre de la Chambre des représentants de 2001 à 2013, connu et apprécié pour sa discrétion, n’en reste pas moins un militant très actif, « heureux soldat » selon ses propres termes, prêt à tout pour défendre des valeurs ultra-conservatrices. Principales cibles de cet évangélique notoire : les femmes et les homosexuels.
Pour Mike Pence, les femmes ne peuvent ainsi aucunement être dissociées de leur rôle de mère. Aussi déconseille-il à celles qui auraient des enfants et qui souhaiteraient travailler en même temps de mener à bien leur projet car pour lui, concilier maternité et carrière professionnelle induit un « retard de croissance et de développement » chez l’enfant et engendre de surcroît de la « souffrance » chez ce dernier.
La place de la femme est donc au foyer, avec ses enfants, y compris pour celles qui souhaiteraient accomplir leur devoir de citoyennes dans l’armée. L’argument de Mike Pence pour les en dissuader est surprenant, puisqu’il se fonde sur la morale qu’il tire… du dessin animé Mulan, une princière guerrière de Walt Disney qui tombe amoureuse d’un officier. « Vous voyez, avait analysé très sérieusement Mike Pence à la sortie du film en 1999, beaucoup d’hommes trouvent les femmes séduisantes, beaucoup de femmes trouvent elles aussi les hommes séduisants, mettez-les ensemble dans des quartiers fermés, pendant une longue période de temps, et vous verrez que les choses commenceront à devenir intéressantes… Comme dans ‘Mulan’. Morale de l’histoire : les femmes dans l’armée, c’est une mauvaise idée ! »
Sans surprise, le désormais vice-président de Donald Trump est par ailleurs fortement opposé à l’avortement, dont il ne cesse de réduire le champ d’application dans son Etat, l’Indiana. En mars dernier, Mike Pence a ainsi signé une loi empêchant les femmes d’avoir recours à l’IVG en cas d’anomalie chromosomique telle que la trisomie 21. Il a également tenté d’obliger les familles et les hôpitaux à procéder à l’enterrement ou à l’incinération du foetus avorté, mesure finalement bloquée par un juge fédéral au motif de son inconstitutionnalité. « Nous avons fait un pas important dans la protection des enfants non-nés (…), je signe cette loi en priant Dieu de continuer de bénir ces précieux enfants, ces mères et ces familles », avait à l’époque déclaré Mike Pence.
Inutile de préciser que le colistier du nouveau président américain combat aussi les actions de prévention menées par le Planning familial et tous les financements au niveau fédéral dont pourraient bénéficier ce genre de structure. « Je pense que les Américains seront surpris d’apprendre que les infrastructures qui profitent le plus de ces fonds sont aussi celles qui procèdent le plus largement à l’avortement« , avait dénoncé Mike Pence en 2011 devant la Chambre des représentants, bien que l’avortement ne représente que 3% des services offerts par les Plannings familiaux d’après les chiffres officiels.
Dans cette logique, il s’est également dit opposé au port du préservatif, qu’il considérait notamment en 2002, dans une interview accordée à CNN, comme « une faible protection » contre les maladies sexuellement transmissibles…
Mais Mike Pence ne réserve pas ses sages réflexions à la seule gente féminine : les homosexuels en font aussi les frais. Ainsi, il ne veut pas non plus de gays dans l’armée. « Les hommes homosexuels ne peuvent pas intégrer l’armée parce leur présence affaiblit les troupes », disait-il par exemple en 2001, à la Chambre des représentants. C’est que Mike Pence considère la communauté LGBT comme l’un des responsables de « l’effondrement de la société ». Ce qu’il formulera en 2006, alors qu’il milite en faveur d’un amendement qui aurait permis de limiter la définition du mariage à une union exclusivement scellée entre un homme et une femme.
Dans la même veine, quand il a ratifié en mars 2015 dans l’Indiana une loi censée défendre la liberté de religion et laissant la possibilité aux entreprises de refuser de servir des clients au nom de leurs croyances, Mike Pence a une nouvelle fois été accusé de discrimination, la loi en question visant tacitement les homosexuels.
Des prises de positions qui interrogent alors que Donald Trump, accusé d’agressions sexuelles, est lui-même resté flou pendant la campagne sur ces questions, notamment l’avortement. Mais de quoi séduire les 81% d’évangéliques – première affiliation religieuse aux Etats-Unis – qui ont voté pour le camp républicain ce mardi 8 novembre.
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