La gauche anti-Hollande refait le match Trump-Sanders

Depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine, la gauche anti-hollande ne décolère pas en France. Selon elle, l’entrée de Donald Trump à la Maison-Blanche n’était pas une fatalité : Bernie Sanders, aurait pu l’empêcher.

L’entrée de Donald Trump à la Maison-Blanche aurait pu être empêchée. Les démocrates américains en possédaient le moyen, en la personne de Bernie Sanders, mais ils l’ont écarté lors des primaires, lui préférant Hillary Clinton. C’est ce que pense en tout cas, depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine ce mercredi 9 novembre, une bonne partie de la gauche anti-Hollande.

Sur son compte Twitter, Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise qui se rêve justement en Bernie Sanders français, a dégainé de bon matin : « Sanders aurait gagné. Les primaires ont été une machine à museler l’énergie populaire. Maintenant vite descendre du train fou atlantiste. »

Sanders aurait gagné. Les primaires ont été une machine à museler l’énergie populaire. Maintenant vite descendre du train fou atlantiste.

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 9 novembre 2016

« Hillary Clinton, c’était la candidate du système »Alexis Corbière, son porte-parole pour la campagne de 2017, en est lui aussi convaincu, « la formidable révolution citoyenne de Bernie Sanders a été étouffée par l’establishment lors de la primaire. Il était pourtant le porte-voix de la jeunesse et des classes populaires qui ne se sont pas déplacées pour voter Clinton », commente-t-il pour Marianne. Lui pointe d’ailleurs l’erreur originelle des démocrates américains : « Hillary Clinton, c’était la candidate du système. Elle n’a d’ailleurs rien repris de la campagne de Sanders. Résultat, les classes populaires et les jeunes ne pas allé voter pour elle ». Et si comparaison n’est pas raison, il est nécessaire selon lui de « tenter de comprendre ce vote, et ne pas l’instrumentaliser comme se rabaisse à le faire la direction du PS qui ne nous propose qu’une chose, se tourner justement vers un Clinton français ».

Paradoxalement, les déconvenues de la candidate démocrate regonflent à bloc ce proche de Jean-Luc Mélenchon. « Cela renforce notre analyse : il faut s’adresser à ce peuple caché, à ces invisibles que le paysage médiatique ne veut pas voir. Nous devons nous adresser aux classes populaires. Elles sont la clé de tout. Nous devons être l’outil pour être leur porte-voix. Et Jean-Luc Mélenchon, ainsi que le mouvement de la France insoumise, est l’outil le plus efficace », estime-t-il. Et d’adresser cet avertissement aux anti-Hollande socialistes qui verraient dans la primaire du PS la possibilité de faire émerger un Sanders français : « Sanders ne venait ni du parti démocrate, ni n’avait participé au gouvernement d’Obama. Ceux qui en France, après avoir participé au gouvernement Hollande, voudraient se présenter lavés de ce passé, vont avoir du mal ». Comme Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, par exemple…

« L’autre étape peut très bien être en France »

Une analyse que l’on réfute évidemment dans le camp des deux intéressés. Matthieu Hanotin, directeur de campagne de Benoît Hamon, écarte l’argument d’un revers de la main : « C’est un raccourci que l’on ne peut pas faire ». Pour autant, lui aussi juge que le candidat Sanders aurait pu assurer une autre issue à ce scrutin. « Cette élection montre bien que quand la gauche n’arrive pas à convaincre qu’elle peut apporter un vrai changement, qu’elle peut permettre l’émergence d’une société meilleure, alors les électeurs de gauche ne se mobilisent pas », considère-t-il.

Bernie Sanders aurait battu Trump. Car il incarnait la possibilité de protéger les américains sans posture isolationniste. #BFM #Hamon2017

— Benoît Hamon (@benoithamon) 9 novembre 2016

Ainsi, cette candidature d’Hillary Clinton, « la représentante de cette gauche libérale au pouvoir pour laquelle George W.Bush aurait pu voter », ne pouvait pas réussir. Ce qui renforce pour lui une candidature Hamon : « Une des leçons que l’on peut tirer, c’est qu’il y a bien une gauche et une droite. Deux projets de société bien différents. Il faut l’assumer ».

« C’est l’amélioration des conditions de vie qu’il faut viser »Même son de cloche du côté de Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste et candidate à la primaire de la « Belle Alliance populaire ». « Les gens ne peuvent plus adhérer à un simple discours d’accompagnement. Il faut proposer un véritable discours d’alternative. Clinton s’est contentée de rester dans cette mystique d’une société américaine sans chômage. Sauf qu’elle parle d’une société de petits boulots qui ne permettent pas de vivre décemment. C’est l’amélioration des conditions de vie qu’il faut viser », avance-t-elle. Et de redouter que la France prenne le même chemin que les Etats-Unis : « Il y a eu le Brexit, maintenant Trump. L’autre étape peut très bien être en France (…) Le vote de 2005 contre une constitution européenne a été un premier rappel à l’ordre de la population française pour dire que si nous continuons sur cette voie, nous irions dans le mur. On n’a pas voulu écouter ».

Un rejet du système qui a conduit à un Beppe Grillo en Italie, un Donald Trump aux Etats-Unis. Et en France ?

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