Face à la victoire de Trump, un gouffre entre Sarkozy et Juppé

Les deux rivaux pour la primaire de la droite et du centre tirent des conclusions diamétralement opposées de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Pour Nicolas Sarkozy, cette élection pointe « le risque de la pensée unique », quand Alain Juppé souligne « les risques que la démagogie et l’extrémisme font courir à la démocratie ».

L’élection de Donald Trump est une mauvaise nouvelle pour le maire de Bordeaux. Elle remet en cause « l’identité heureuse » qu’il a théorisée avant d’en faire, devant les critiques, un simple objectif. Le vent mauvais qui souffle en Amérique a balayé huit années de présidence Obama pour révéler les fractures béantes, sociales et raciales, qui traversent la plus grande démocratie au monde. En France également, les inégalités sont criantes. Et Alain Juppé, maire d’une des plus grandes villes du pays, n’a pas encore su affirmer qu’il saurait parler, dans une campagne présidentielle, à la France qui se sent laissée pour compte, loin des grands centres urbains.

L’un de ses principaux lieutenants, Jean-Pierre Raffarin, pressenti pour s’installer au quai d’Orsay, a sonné ce mercredi 9 novembre le tocsin, avec déjà l’échéance de mai 2017 en ligne de mire. « La ligne de front de la raison depuis le Brexit n’existe plus. Ça veut dire que l’information principale pour nous, Français, c’est que Marine Le Pen peut gagner en France, que son populisme extrême peut gagner », a-t-il analysé sur RTL.

Alain Juppé s’accroche à son statut, sondagier, de meilleur opposant à la patronne du FN. « Aux Français, je veux souligner tous les risques que la démagogie et l’extrémisme font courir à la démocratie et le caractère vital des choix qu’ils ont à faire. Plus que jamais j’appelle au rassemblement et à la mobilisation de tous ceux qui se font « une certaine idée » de la République et de la France », a-t-il écrit dans un communiqué.

« Autorité sereine » vs autoritarisme

Alain Juppé veut incarner l’antidote au populisme ? Nicolas Sarkozy cherche lui à l’embrasser. Très solennel, l’ex-chef de l’Etat s’est lui exprimé en fin de matinée derrière un pupitre depuis son QG de campagne. Nicolas Sarkozy avait choisi de soutenir Hillary Clinton, fustigeant « le populisme » et la « vulgarité » de Donald Trump. Mais le nez sur la primaire de la droite dont le premier tour se tient dans onze jours, il a bondi sur cette élection surprise pour expliquer à quel point elle exprimait, selon lui « le refus d’une pensée unique ». Cette même « pensée unique » qu’il s’est fait une spécialité de dénoncer dans ses meetings. Nouveau dans la bouche de Nicolas Sarkozy, celui-ci a même remis en cause « un commerce mondial qui n’est ni loyal ni équitable » !  Mais c’est aussi l’occasion de rabâcher ses thèmes de campagne : la maîtrise de l’immigration, le respect des frontières…

Dans cette dernière ligne droite, les partisans d’Alain Juppé vantent la crédibilité de leur chef, son « autorité sereine ». Après la victoire de Trump, comme décomplexé, Nicolas Sarkozy assume quant à lui désormais son… autoritarisme : « Dans un monde où il va falloir négocier avec un président russe, Vladimir Poutine qui ne se pose pas de questions pour défendre les intérêts de son pays, avec le président chinois, Xi Jinping, qui ne se pose pas de questions pour la défense des intérêts de son pays et maintenant avec le président Donald Trump, ma conviction, c’est qu’il n’y aura pas de place pour l’impuissance, la faiblesse et le renoncement », affirme-t-il, histoire de dégommer un Alain Juppé trop raisonnable selon lui, qu’il accuse d’être le porteur d’une « alternance molle ».   

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