Les électeurs américains sont appelés aux urnes ce mardi 8 novembre pour dire qui d’Hillary Clinton ou de Donald Trump deviendra leur nouveau président. Cette élection peut être difficile à appréhender, tant son mode tranche avec les scrutins qui se déroulent en France. Qui sont les grands électeurs ? Que signifie le principe du « winner takes all » ? Quel rôle ont les « swing states » ? Autant d’éléments qu’il faut maîtriser pour comprendre le déroulement de la présidentielle américaine.
Les élections battent leur plein outre-Atlantique. En ce mardi 8 novembre, les électeurs américains doivent choisir leur président. Ils le feront de manière indirecte, par l’intermédiaire de « grands électeurs ». Un mode de scrutin très différent de celui qui a cours en France, ce qui peut décontenancer les observateurs non avertis du duel Trump – Clinton. De nombreux paramètres sont à prendre en compte, lesquels renvoient à des vocables et des principes parfois confus.
Ce sont les faiseurs de roi, ces citoyens « plus » qui sont chargés d’élire le prochain président des Etats-Unis. Contrairement à ce que nous connaissons en France, l’élection du président américain ne se fait pas au suffrage universel direct. Là, les 200 millions d’électeurs doivent voter pour un collège de 538 grands électeurs qui, eux, devront choisir entre Donald Trump et Hillary Clinton. Chacun des 50 Etats américains dispose d’un nombre de grands électeurs qui varie en fonction du nombre d’habitants qu’il abrite. Par exemple, la Californie dispose de 55 votes car elle est l’Etat le plus peuplé. À l’inverse, l’Etat du Wyoming ne peut désigner que trois grands électeurs. Pour être élu, Trump ou Clinton devront donc obtenir l’assentiment d’au moins 270 grands électeurs.
Si les grands électeurs ne voteront qu’en décembre, l’identité du président des Etats-Unis est censée être connue dès ce mercredi 9 novembre, les grands électeurs ayant annoncé leur couleur. Un grand électeur peut toujours faire volte-face et refuser de voter pour le candidat qu’il a publiquement soutenu mais ces cas sont extrêmement rares : on en recense seulement huit dans l’histoire des Etats-Unis.
Ce système est un héritage du XVIIIe siècle, époque à laquelle les premiers Etats américains se méfiaient du pouvoir fédéral. Pour limiter la légitimité du président et préserver les pouvoirs du Congrès, la Constitution des Etats-Unis avait prévu qu’il ne serait pas élu au suffrage universel direct. Et si la Constitution a connu de nombreux amendements au cours des derniers siècles, le système des grands électeurs, lui, a su résister au temps.
C’est un principe absolument déterminant qui s’applique dans la quasi-totalité des Etats américains – seuls le Maine et le Nebraska sont exemptés. Le système du winner takes all (« le vainqueur emporte tout ») permet au candidat qui recueille les voix d’une majorité de grands électeurs dans un Etat donné de remporter la totalité des voix. Par exemple, si les 55 grands électeurs de Californie accordent 28 votes à Hillary Clinton, on considèrera qu’elle a obtenu 55 votes en sa faveur. Ce système a donc un impact considérable sur la course aux 270 suffrages ouvrant les portes de la Maison-Blanche.
Le principe du « winner take all » n’en reste pas moins très critiqué. En faisant fi des votes minoritaires, ce système est accusé de favoriser le bipartisme en tuant les mouvances politiques alternatives. De plus, il peut parfois déboucher sur des résultats anti-démocratiques et ériger le candidat n’ayant pas reçu la majorité des votes populaires à la fonction de président. Ce fut le cas en 2000 lors de l’élection qui opposa le démocrate Al Gore au républicain George W. Bush. Alors qu’à l’issue du scrutin, Gore avait obtenu environ 550.000 voix de plus que Bush au niveau national, il fut donné perdant. En effet, les 550 voix d’avance que Bush avait obtenues en Floride lui permirent de rafler tous les grands électeurs de cet État et de remporter l’élection présidentielle…
Il est des Etats qui, de par leur histoire et leur tradition, sont classiquement acquis au camp démocrate ou au camp républicain. Des tendances cartographiées par le site Real Clear Politics, et qui ne laissent planer aucun doute quant à l’identité de celui qui sera plébiscité dans ces Etats-là. Ainsi, il apparaît que les Etats du Sud et des grandes plaines du Midwest sont acquis à Donald Trump. Les Etat du Nord-Est et de la côte Ouest, eux, sont traditionnellement pro-démocrates. Il ressort de ces chiffres qu’Hillary Clinton est a priori assurée d’avoir l’appui de 203 grands électeurs tandis que Donald Trump n’a qu’une garantie de 164 voix. Le candidat républicain devra donc conquérir 106 autres grands électeurs pour obtenir la couronne présidentielle, alors que sa rivale ne doit glaner que 67 voix supplémentaires.
L’issue du scrutin sera donc déterminée par les Etats où les résultats ne sont pas connus à l’avance. Ces « swing states » (« Etats changeants ») seront les zones électorales dans lesquelles se jouera l’élection. Parmi eux, la Floride sera particulièrement déterminante. Avec ses 29 grands électeurs, elle est en mesure de faire basculer l’élection d’un côté ou de l’autre. Barack Obama, président sortant et soutien d’Hillary Clinton, ne s’y est pas trompé. C’est dans cet Etat qu’il a donné un meeting le 6 novembre dernier pour booster la campagne de sa championne. « Si nous l’emportons en Floride, l’affaire sera pliée », a-t-il affirmé à cette occasion. Il faudra également avoir un œil attentif sur les autres gros « swing states » que sont la Pennsylvanie (20 grands électeurs), l’Ohio (18 grands électeurs) et la Caroline du Nord (15 grands électeurs).
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