Abus sexuels dans l'Eglise : les évêques de France se flagellent à Lourdes

Les 115 évêques de France réunis dans le cadre de leur assemblée annuelle, ce lundi 7 novembre à Lourdes, s’apprêtent à demander pardon à toutes les victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise. Un geste fort dans une maison de Dieu régie par une culture du silence et du secret, mais encore très insuffisant…

Reconnaître au grand jour et même « demander pardon » à toutes les victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise française. La démarche est inédite pour une institution qui a longtemps cherché à étouffer les cas signalés. Une fois n’est pas coutume, les évêques de France, réunis à Lourdes dans le cadre de leur assemblée annuelle, vont ainsi s’excuser ce lundi 7 novembre pour leur « silence souvent coupable », au cours de diverses prières, messes et jeûnes. 

Annoncée en septembre, cette journée de recueillement a cependant été décidée à un niveau supérieur : au Vatican, à Rome. Une initiative du pape François en personne qui a laissé à chaque conférence épiscopale la liberté de choisir la date et les modalités de cette repentance collective.

Difficile alors, pour les 115 évêques français en activité, de décliner l’invitation, d’autant que l’Eglise française a été touchée cette année par de graves accusations de pédophilie, comme en témoigne l’affaire du père Preynat à Lyon où un ancien prêtre, accusé à de nombreuses reprises d’agressions sexuelles dans les années 80 et 90, est resté en poste après les faits, au contact des jeunes, pendant près de 15 ans. 

Urgence d’agir

Même si l’enquête pour non-dénonciation qui a visé le cardinal Barbarin dans cette affaire a été classée sans suite pour cause de prescription des faits, l’Eglise n’en reste pas moins très abîmée par une culture du secret que dénonçait récemment avec justesse dans un livre Isabelle de Gaulmyn, ancienne élève du père Preynat. 

« Au cours de la messe », les religieux demanderont par conséquent « pardon, pardon pour leurs propres péchés, pardon (…), pour ne pas avoir permis que la vérité éclate toujours », a expliqué le porte-parole des évêques, Mgr Olivier Ribadeau Dumas. « Insuffisant », estime François Devaux, président de l’association La Parole libérée, qui a permis que l’affaire de pédophilie lyonnaise éclate publiquement. Tout simplement, poursuit-il, « parce qu’il n’y a pas de volonté derrière », parmi les hautes autorités religieuses, d’agir.

Très peu de mesures de fond ont en effet été prises par l’Eglise qui a notamment choisi de mettre en place des outils nécessaires, certes, mais symboliques, telle la création d’une boîte mail dédiée au recueil de la parole des victimes. Si une centaine de courriels a été reçue sur la messagerie, les faits incriminés, souvent datés des années 70, apparaissent aujourd’hui prescrits depuis plusieurs décennies.  

Une journée de prière et de com’ ne permettront pas plus de résoudre le problème, à moins d’un miracle, que les évêques sont peut-être allés chercher à Lourdes…

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